Mardi Pépite : Nuno Mendes, du foot de rue aux sommets

De ses débuts tardifs dans un club modeste aux difficultés rencontrées durant sa formation, découvrez le parcours atypique de Nuno Mendes, qui fait aujourd’hui le bonheur des supporters du Sporting.

Il fait partie de ces jeunes joueurs qui ne laissent personne indifférent. Du haut de ses 18 ans, Nuno Mendes vit actuellement sa première saison en tant que titulaire dans l’équipe principale du Sporting, où il a passé la totalité de sa formation. Un rêve qui se réalise pour le jeune latéral gauche, qui aurait pu voir sa carrière prendre une toute autre tournure il y a quelques années. Retour sur le parcours atypique d’un jeune surdoué.

Le foot de rue comme premier repère

Nuno Mendes nait le 19 juin 2002, à Lisbonne. Issu des quartiers difficiles de la périphérie de la capitale portugaise, le jeune gaucher passe le plus clair de son enfance à taper dans le ballon entre les trop nombreuses journées d’école. L’école, c’est d’ailleurs là que les qualités footballistiques du gamin, déjà phénoménales à l’époque, se font remarquées pour la première fois. A neuf ans, alors que Nuno Mendes n’a encore jamais rien connu d’autre que le football de rue, son talent accouplé à son insouciance tape dans l’œil de l’un de ses professeurs, Bruno Botelho. Lors d’une interview accordée à Record, ce dernier raconte : “On avait fait un exercice où il fallait négocier un un contre un avec le gardien. Nuno a passé le ballon au dessus du gardien avec une roulette impressionnante, et a marqué dans le but vide, à l’aveugle, comme Ronaldinho le faisait à cette époque.

Débuts au FC Despertar

Une action significative d’une aisance technique rare pour un gamin de cet âge, renforcée par le fait qu’à ce moment-là, Nuno Mendes ne pratique toujours pas son sport favori dans un quelconque club. Anomalie corrigée la saison qui suit, lorsque ce même Bruno Botelho incite son jeune protégé à prendre sa première licence dans le petit club du FC Despertar, à Casal de Cambra, près de Sintra.

“Un génie”, “un surdoué”, voilà comment le définissent aujourd’hui les différents entraîneurs qui ont accompagné sa progression dans le modeste club du FC Despertar. Interviewé par Canal 11, Diego Goncalves, qui reconnaît être “chanceux d’avoir pu entraîner un tel gamin”, se souvient des prouesses techniques impressionnantes de celui qui, à cette époque, jouait dans une position offensive, le numéro dix floqué à son maillot : “On commençait souvent l’entraînement avec un jeu qui s’appelait le “chasseur de ballon”. On prenait 14 enfants, on donnait un ballon à sept d’entre eux, et ceux qui n’avaient pas de ballons devaient le récupérer dans les pieds de ceux qui en avaient un. Nuno Mendes commençait le jeu avec un ballon, et il finissait toujours avec le même ballon, parce que personne n’était capable de le lui prendre.”

Des qualités rares. Et dans le football portugais, ce qui est rare fini toujours par susciter l’intérêt des “trois gros”, à savoir le Sporting, Benfica et Porto. “Le Sporting a été le premier à se renseigner sur Nuno Mendes, explique Diego Gonçalves. Peu de temps après, Benfica était aussi très intéressé et, enfin, Porto a suivi. Je pense que l’intérêt de ces deux derniers a un peu accéléré sa signature au Sporting”, révèle l’éducateur.

Entre longs trajets et courts temps de jeu

Et s’il s’est entraîné à plusieurs reprises avec les jeunes de Benfica, c’est le scout du Sporting, Akil Momade, qui a convaincu Nuno Mendes d’intégrer l’Academia du club lisboète à l’âge de dix ans. “Akil m’a vu jouer, et m’a appelé pour parler, raconte Nuno Mendes au site Leonino, à propos de son arrivée au Sporting. Un jour, j’étais seul chez moi, et il a frappé à ma porte. J’ai trouvé ça étrange, je suis allé chercher un couteau dans la cuisine, parce que je pensais que j’allais me faire cambrioler. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu que c’était lui, puis j’étais bien plus calme. Il m’a même montré sa carte du Sporting pour que je sois moins méfiant. Il m’a dit qu’il me voulait là-bas, et à partir de là, j’ai absolument voulu y aller.

Nuno Mendes signe donc au Sporting à l’âge de 10 ans. Pour lui, le rêve de devenir un jour footballeur professionnel devient alors envisageable, et le jeune gaucher compte bien mettre toutes les chances de son côté. Durant ses quatre premières années dans le club lisboète, Nuno multiplie les allers-retours de plus de deux heures entre son domicile et le centre d’entraînement, malgré un temps de jeu limité : “A un moment, je devais être renvoyé, explique Nuno Mendes. On ne comptait pas beaucoup sur moi. Je rentrais chez moi triste. J’ai toujours travaillé dur, même quand je ne jouais pas beaucoup.” A l’âge de 14 ans, alors qu’il découvre un tout nouveau poste de latéral gauche, le jeune Portugais quitte le domicile familial et les heures de trajet pour s’installer au centre de formation du Sporting.

Nouveau départ, au poste de latéral gauche

Pour le jeune prodige du Sporting, la suite est plus joyeuse. En effet, Nuno Mendes grandit, progresse, et se retrouve même surclassé en catégorie U17, qu’il intègre en 2017, à l’âge de 15 ans. Sous les ordres de João Couto, qu’il considère aujourd’hui comme un père, Nuno Mendes brille sur son couloir gauche, au point de connaître sa première convocation avec les Seleções U16, puis U17, l’année suivante. L’exercice 2019/2020 s’impose comme la première saison charnière de la carrière professionnelle du jeune joueur. Face à l’absence d’équipe B au sein du Sporting, le latéral gauche, alors âgé de 17 ans, évolue dans le championnat U23 portugais, où il s’impose très rapidement comme un titulaire incontestable.

Débuts en professionnel, sous les ordres de Ruben Amorim

Suite à l’arrêt de ce championnat au mois de mars 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, le nouvel entraîneur du Sporting, Ruben Amorim, décide d’intégrer Nuno Mendes dans son groupe pour le “restart”, afin de faire de lui une alternative à Marcos Acuña, alors en instance de départ, dans le couloir gauche de son 3-4-3.

Une belle étape dans la carrière professionnelle du joueur. Une première étape. La seconde arrive quelques semaines plus tard, le 12 juin dernier, une semaine avant le 18e anniversaire de Nuno Mendes. Le jeune prodige portugais effectue, ce jour-là, ses 18 premières minutes en Liga NOS, au cours de la victoire des siens contre le Paços de Ferreira (1-0). 18 minutes, qui ont suffit pour donner à Ruben Amorim l’envie de refaire confiance à son jeune latéral, qui débute son premier match dans l’élite du football portugais six jours plus tard, à domicile contre Tondela (2-0).

Avec une aisance technique quasiment irréprochable, des capacités défensives louables, un pied gauche de qualité couplées à une excellente pointe de vitesse, Nuno Mendes présente toutes les qualités du latéral moderne, et correspond parfaitement aux attentes de son entraîneur Ruben Amorim, qui, très vite, en fait un titulaire en puissance jusqu’à la fin de la saison. Titulaire, c’est aussi le statut que récupère Nuno Mendes en Seleção U21, aux dépens de l’excellent Ruben Vinagre, de trois ans son ainé. Une précocité et un profil qui, forcément, plaît à l’étranger, alors que l’ouverture du mercato estival se profile.

Un mercato mouvementé pour Nuno Mendes

Manchester United, Liverpool, le Real Madrid, la Juventus, Arsenal et le Milan AC. Tels sont les clubs qui ont fait part de leur intérêt pour le jeune prodige portugais, cet été. Du beau monde, et sans doute de belles offres faites pour tenter de racheter le contrat de Nuno Mendes, prolongé en juin dernier. Cependant, le président du Sporting a rappelé que son joueur était, selon lui, “le meilleur latéral gauche de sa génération”, et qu’il ne disposerait d’aucun bon de sortie lors du mercato estival.

Un choix fort, symbolisé le 4 octobre dernier, à trois jours de la fin de ce mercato estival, par un premier but sensationnel du latéral gauche portugais en Liga NOS, à l’occasion de la victoire des siens face à Portimonense (0-2).

Pour l’heure, Nuno Mendes a débuté tous les matchs du Sporting cette saison, et continue d’impressionner les observateurs du football portugais. Certains d’entre eux commencent même à évoquer la possibilité d’une prochaine convocation en Seleção, afin de palier aux quelques carences que connaît le couloir gauche de la défense de l’équipe nationale portugaise. Si cela semble “trop tôt” pour certains, le principal intéressé déclarait, en juillet dernier, “se sentir prêt à être appelé”. Si la décision finale reviendra à Fernando Santos, nul doute que le sélectionneur portugais puisse porter un regard attentif aux performances du petit prodige, qui régalait déjà les entraîneurs du FC Despertar, il y a une petite dizaine d’années.

Crédit photo : IconSport

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