Opération « Fora de Jogo » : La justice portugaise passe la seconde

Dans le cadre de la deuxième phase de l’opération « Fora de Jogo », plusieurs mandats ont été émis par la justice portugaise à l’encontre de certains clubs portugais, de différents agents et de certaines entreprises pour des suspicions de fraude fiscale.

L’opération a été lancée le 4 mars 2020 par l’Autorité Fiscale et Douanière portugaise en collaboration avec le Ministère Publique, institution judiciaire de référence au Portugal. Celle-ci vise à éclaircir les dessous de certaines transactions de joueurs et l’implication des différents acteurs, suspectés notamment de fraude fiscale et de blanchiment d’argent. Ces suspicions sont nées en 2015 à la suite de différents contrôles mené par l’Autorité Fiscale et Douanière, aidée aussi par les informations du lanceur d’alerte Rui Pinto. Lors de la première phase, un dispositif policier et judiciaire impressionnant avait été mis en place afin de réaliser des perquisitions. Porto, Benfica, Sporting, Braga, Guimarães, Marítimo, Estoril et Académica étaient les clubs visés. 

Deuxième phase de l’opération

Les enquêtes ont repris de plus belle comme l’annonçait l’Autorité Fiscale et Douanière sur son site internet le 24 novembre : « Aujourd’hui a commencé la 2ème phase de l’Opération Fora de Jogo ». Dans les faits, cela se traduit par 24 nouveaux mandats de perquisition qui visent à enrichir l’enquête qui compte déjà près de 130 prévenus. Parmi eux, on retrouve des footballeurs, des dirigeants de clubs, des avocats, des agents, des entreprises et autres acteurs qui auraient détournés des centaines de millions d’euros. Si les clubs de la première phase sont toujours sujets aux perquisitions, comme cela a été le cas du FC Porto ces derniers jours, la focale est aujourd’hui mise sur le SC Braga et le Vitoria SC, mais surtout sur Jorge Mendes et son entreprise Gestifute.

Plusieurs transferts suspectés

Les enquêtes mettent en avant le rôle des agents dans les fraudes, en particulier avec les commissions qu’ils s’octroient et qu’ils ne déclarent pas. Plusieurs transferts sont suspectés d’avoir fait l’objet de fraude et de blanchiment comme celui de Galeno parti de Porto en direction de Braga en 2019, et celui de Loum qui a fait le chemin inverse au même moment. De même, plusieurs échanges de joueurs entre Braga et le Marítimo sont suspectés, ainsi que des échanges entre le SC Braga, le Vitoria SC et le FC Porto. Le Correio da Manhã relate même que Jorge Mendes et l’ancien joueurs portugais Deco, aujourd’hui agent, sont des cibles importantes de cette deuxième phase. Les deux agents auraient détourné plusieurs millions d’euros sur différents transferts. L’un des transfert en question est celui d’Edmond Tapsoba, parti de Guimarães pour Leverkusen à l’hiver 2020. Les deux agents se seraient partager 5 millions en liquide sur les 18 millions du transfert.

Jorge Mendes au cœur de l’affaire

Dans cette deuxième phase de l’opération, le nom d’un suspect revient régulièrement, celui de Jorge Mendes. Le célèbre agent portugais est lié à tous les clubs suspectés et serait lui-même l’un des plus grands artisans du schéma de fraude, comme le révèle le Jornal de Notícias. L’agent aurait l’habitude d’introduire des tiers dans les transactions. Ces tiers sont généralement des entreprises domiciliées dans des paradis fiscaux et représentées par des avocats et qui facturent des prestations de service pour l’intermédiation des transferts. Pour les autorités portugaises, l’intervention de ces entreprises est fictive et remplis deux fonctions : faire augmenter le cout des transferts et faciliter l’évasion fiscale via des comptes offshore. 

Si cette enquête d’envergure tente de faire la lumière sur les mauvaises pratiques qui gangrènent le football portugais, il est encore plus important de changer les règles et de réclamer plus de transparence afin de stopper ce fléau qui ternit un peu plus l’image du Portugal et de son football.

Crédit photo : IconSport

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