A l’étranger : Nuno Espirito Santo, de l’ombre à la lumière

Récemment prolongé par Wolverhampton, Nuno Espirito Santo est devenu, en quelques années, l’un des meilleurs entraîneurs de la Premier League. Retour sur son ascension.


Nuno Espirito Santo arrive à Wolverhampton en mai 2017, par l’intermédiaire de son agent et ami Jorge Mendes. Le palmarès du technicien portugais est alors vierge, mais il a fait ses armes dans des clubs sur lesquels l’ombre du super-agent plane, comme le Rio Ave, Valence et Porto.

Les observateurs du foot portugais le savent, la relation entre le natif de Sao Tomé et Principe et le super agent ne date pas d’hier. Leur rencontre s’est produite loin des stades de foot, dans une discothèque portugaise au milieu des années 90. Par une nuit où toutes les planètes étaient alignées, Nuno rencontre Jorge Mendes, qui était, à l’époque, un DJ à temps partiel, également directeur d’un vidéo-club. Nuno, quant à lui, était un jeune gardien de but alors âgé de 22 ans, et évoluait avec l’équipe réserve du Vitoria SC. Cette nuit-là commence une discussion mémorable entre les deux hommes, durant laquelle le DJ se découvre une vocation d’agent de joueurs, et arrive à convaincre Nuno, faisant ainsi du jeune gardien le premier client historique de l’empire Mendes.

Le lendemain, Jorge Mendes conduit Nuno au Deportivo La Corogne, en Espagne, dans le but de rencontrer le président du club. L’agent arrive alors à convaincre son interlocuteur au sujet du potentiel de son jeune poulain, et permet à celui-ci de signer en Espagne. Voilà comment a démarré Gestifute. Avec Nuno.

Un début difficile en tant qu’entraineur

S’en suit une carrière des plus classiques. Entre le FC Porto où il a joué pas moins de six ans, un court passage en Russie et une participation à l’Euro 2008 dans le rôle de troisième gardien de la Seleção, celui qu’on surnomme NES n’a pas franchement marqué les esprits sur les terrain.

Après sa retraite, il passe de l’autre côté du pré, et devient entraîneur au Rio Ave, grâce notamment à son vieil ami Jorge Mendes. Et après des débuts convaincants avec notamment une 6e place obtenue durant la saison 2013-2014, Nuno rejoint le mythique FC Valence, où le super-agent a également une certaine influence.

Un expérience mitigée. Une première saison intéressante, où il obtient la 4e place de la Liga, synonyme de qualification en Ligue des Champions, puis une deuxième plus délicate, durant laquelle Nuno Espirito Santo démissionne après trois mois de compétition, et une défaite à domicile contre le FC Séville. Un peu moins d’un an plus tard, le Portugais retrouve un poste d’entraîneur au FC Porto, avec qui il avait notamment remporté la Ligue des Champions en tant que joueur. Seulement, NES est démis de ses fonctions après une première saison compliquée, durant laquelle le Benfica de Rui Vitoria triomphe sur le plan national. Nuno quitte alors le nord du Portugal par la petite porte.

L’ascension fulgurante

Le 31 Mai 2017, Nuno Espirito Santos reprend du service, et est nommé manageur des Wolves. Il profite ainsi du limogeage de Paul Lambert, qui n’était pas d’accord avec la nouvelle politique du club, notamment au sujet du mercato et de l’influence grandissante de Jorge Mendes. Soutenu par son agent de toujours, Nuno réussit à convaincre de nombreux joueurs portugais de le rejoindre dans cette aventure, qui démarre en seconde division anglaise. Dès sa première saison, l’entraîneur conduit son club jusqu’en Premier League, après une absence de six ans. Il remporte le Championship avec pas moins de 99 points, un record.

Les Wolves retrouvent donc la lumière des projecteurs. L’Angleterre découvre alors un coach qui dirige son équipe comme un professeur dirigerait ses élèves. Nuno a eu l’intelligence de s’adapter rapidement à l’élite du football anglais. Il construit alors un bloc-équipe avec deux pistons sur les côtés pouvant faire des longues courses, un jeu direct et une formation en 3-5-2. Les “élèves” adhèrent à ce projet de jeu basé sur le collectif et suivent les yeux fermés les instructions du “professeur”.

Sur ce schéma de jeu, bon nombre d’adversaires des Wolves se sont cassés les dents. C’est notamment le cas de José Mourinho qui a pu s’apercevoir des progrès réalisés par son ancien joueur à Porto. « Nuno est meilleur comme coach que comme joueur », ironisait le Special One, après une victoire des hommes de NES sur les siens. L’entraîneur de Manchester City, Pep Guardiola, a lui aussi fait l’éloge de Nuno, qui lui a souvent posé des difficultés sur leurs confrontations directes : « Je pense qu’il a un effectif complet qui sait ce qu’ils doivent faire. Cela fait 4 ans qu’ils ont le même entraineur et les mêmes joueurs. Ils jouent de manière très compacte et solide. C’est impressionnant. »

Bientôt l’étape supérieure pour Nuno ?

Aujourd’hui, Wolverhampton détient une place forte au sein du foot anglais, en ayant obtenu la septième place lors des deux dernières saisons. Nuno, qui avait un palmarès vierge en arrivant à Wolverhampton, est aujourd’hui devenu un entraineur légitime avec une très bonne côte de popularité outre-Manche. Peut-être que cette bonne réputation l’emmènera un jour dans un club du Big Six, comme Arsenal, qui l’aurait d’ailleurs convoité en décembre dernier. Pour l’heure, l’ancien gardien de but à la carrière modeste continue de faire le bonheur de Wolverhampton, avec qui il a tout récemment prolongé jusqu’en 2025. Enième preuve de confiance d’un club qui grimpe en même temps que lui.

Crédit photo : IconSport

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