Après une entrée en matière compliquée avec un match nul à domicile contre l’Ukraine, le Portugal se doit de réagir ce lundi soir, à l’Estadio da Luz, pour le deuxième match des qualifications pour l’Euro 2020 contre la Serbie. Les clés d’un match déjà décisif pour Fernando Santos et ses joueurs.
Peu convaincants contre l’Ukraine
C’est clairement un match à oublier qu’a joué le Portugal ce vendredi contre l’Ukraine. A domicile, les hommes de Fernando Santos sont retombés dans leurs travers des dernières années : une domination stérile, très peu de mouvements en phases offensives, une absence de prises de risques et un énorme manque de réalisme. Le Portugal s’est très rapidement retrouvé piégé par une équipe ukrainienne parfaitement structurée, avec un gardien particulièrement en forme. Résultat : un 0-0 bien ennuyeux, avec un spectacle décevant par rapport à ce qu’on pourrait attendre de l’effectif Portugais.
Considéré par beaucoup comme le principal responsable de cette triste performance, Fernando Santos a soulevé un certain nombre de problèmes ce samedi matin en conférence de presse : « Contre l’Ukraine, nous avons fait tourner le ballon sans être dangereux. Nous devons créer plus de problèmes à l’adversaire et être plus agressifs contre la Serbie. »
Conscient des lacunes de son équipe dans l’utilisation du ballon mais toujours très confiants vis-à-vis des prochaines échéances, Fernando Santos sait que le Portugal joue gros ce lundi.
Un match déjà déterminant ?
Après sa qualifications pour le Final Four, le Portugal est le grand favori du Groupe B des qualifications pour l’Euro 2020. Le groupe est composé du Luxembourg, de l’Ukraine, de la Lituanie, de la Serbie et du Portugal. Pour être directement qualifiés pour la phase finale de l’Euro 2020, Cristiano et ses coéquipiers doivent finir dans les deux premières places du groupe.
Si les double-confrontations contre le Luxembourg et la Lituanie semblent, en théorie, largement à la portée du Portugal, l’Ukraine et la Serbie se présentent comme de sérieux concurrents pour ces deux premières places. Avec un match nul à domicile contre l’Ukraine lors de la première journée, les hommes de Fernando Santos se sont mis en difficulté et sont désormais obligés de s’imposer contre la Serbie, une nouvelle fois à l’Estadio da Luz. Une nouvelle contre-performance obligerait les portugais à aller s’imposer dans l’enfer serbe en septembre, et dans le froid glacial ukrainien au mois d’octobre, ce qui s’annonce particulièrement compliqué.
Un adversaire en grande forme
Pour la Serbie, ce match fera office d’entrée en matière dans la compétition. Premiers de la poule en Ligue C de la Ligue des Nations avec 14 points pris sur 18 possibles, les serbes vont débarquer à Lisbonne en tant qu’outsider, avec l’envie de prendre des points pour bien commencer cette campagne.
Mercredi, les hommes du sélectionneur Mladen Krstajic se sont déplacés à Wolsfburg pour affronter l’Allemagne en match amical. Les serbes ont réussi à tenir en échec le Champion du Monde 2014 avec un match nul 1-1. Avec un but de Luka Jovic, la Serbie a d’ailleurs mené au score pendant près de 50 minutes.
Luka Jovic, parlons-en. S’il est très performant cette saison avec son club l’Eintracht Frankfurt, il sera probablement très motivé à l’idée de jouer à l’Estadio da Luz. En effet, le jeune buteur serbe retrouvera, avec un esprit de revanche, un stade qu’il a connu par le passé. Arrivé à Benfica en 2016, Luka Jovic n’a jamais vraiment eu sa chance dans le club lisboète (4 matchs avec l’équipe A), qui a préféré le prêter en début de saison 2017-2018. Actuellement deuxième meilleur buteur de Bundesliga et quatrième meilleur buteur d’Europa League, le serbe est convoité par les plus grands clubs européens, et ne semblerait pas être d’accord pour retourner à Benfica après son prêt.
Face à lui, Luka Jovic retrouvera une charnière centrale plutôt performante, composée de Ruben Dias et de Pepe.
Une stabilité défensive retrouvée ?
Cette semaine, les deux membres de la charnière centrale portugaise Ruben Dias et Pepe se sont exprimés sur leur bonne entente, malgré la rivalité entre leurs clubs respectifs. Les deux robustes défenseurs centraux ont tour à tour vanté les mérites de leur partenaire de défense. Auteur d’un match solide, cette charnière centrale a été une des rares satisfactions de la première journée de la phase de qualifications pour le Portugal.
Si la défense portugaise est plutôt satisfaisante, le secteur offensif semble poser plus de problèmes à Fernando Santos.
Quel rôle pour Cristiano Ronaldo ?
Au Portugal, beaucoup d’interrogations persistent sur le système de jeu à mettre en place, et les joueurs à utiliser. Si Fernando Santos avait trouvé un schéma de jeu particulièrement efficace avec un 4-3-3 pendant la Ligue des Nations, le retour du capitaine Cristiano Ronaldo redistribue les cartes.
Considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de l’histoire de l’équipe nationale Portugaise, Cristiano Ronaldo est absolument indispensable, et il serait impensable pour Fernando Santos de ne pas compter sur celui qui est actuellement considéré comme le meilleur joueur du monde. Cependant, le rôle de Ronaldo au Portugal fait souvent débat. Est-ce à lui de s’adapter au système de jeu, ou est-ce à Fernando Santos de bâtir son équipe autour de Cristiano ? Il faudrait probablement trouver un juste milieu, afin que Cristiano Ronaldo soit mis dans les meilleurs conditions sans que tout le système offensif ne soit uniquement basé autour de lui.
Actuellement, Cristiano Ronaldo est peu ou mal servi par ses coéquipiers. Les quelques occasions qu’il se procure sont trop souvent le fruit de ses exploits individuels.
André Silva, l’homme de la situation … ou pas ?
Lors des qualifications pour la dernière Coupe du Monde, Cristiano Ronaldo avait montré une complicité particulièrement intéressante avec André Silva. Ce duo avait littéralement affolé les compteurs en étant le duo le plus prolifique d’Europe lors de ces phases de qualifications.
Depuis, André Silva montre de grosses difficultés à s’imposer en club (au Milan AC, puis au FC Séville). S’il a malgré tout réalisé une belle campagne de Ligue des Nations avec 3 buts en 4 matchs, on a du mal à se satisfaire totalement de l’apport offensif du joueur formé à Porto. Léger dans les duels et parfois approximatif techniquement, André Silva est plus que jamais la cible des critiques des supporters portugais.
Pour le remplacer, le Portugal peut compter sur des profils particulièrement différents de celui de l’avant-centre du FC Séville. Si le jeune Joao Felix est toujours incertain pour ce match suite à sa blessure survenue ce week-end à l’entrainement, et Gonçalo Guedes se remet doucement d’une grippe, le Portugal peut compter sur Dyego Sousa et Diogo Jota qui, à l’inverse d’André Silva, sont en pleine forme dans leurs clubs respectifs.
Puissant et excellent de la tête, le joueur de Braga Dyego Sousa possède un profil unique en sélection nationale portugaise. Vendredi, le natif de São Luis au Brésil a effectué ses débuts avec le Portugal et s’est montré dangereux à plusieurs reprises. Sa présence pourrait être un atout majeur pour le Portugal, mais son profil ne semble pas forcément très compatible avec celui de Cristiano Ronaldo.
Parfois considéré comme un ailier gauche, Diogo Jota est un joueur polyvalent qui est capable de s’adapter à plusieurs systèmes de jeu. Le jeune attaquant de Wolverhampton est un joueur plutôt technique qui, avec 6 buts et 4 passes décisives en Premier League cette saison, sait se montrer décisif.
Cependant, miser sur un de ces deux joueurs inexpérimentés en équipe nationale dans un match si important serait un pari risqué pour Fernando Santos.
Et au milieu de terrain ?
Considéré par beaucoup comme le meilleur joueur du championnat portugais, Bruno Fernandes s’est malheureusement blessé et sera indisponible lundi soir. Si Fernando Santos avait misé sur un milieu de terrain Neves – William – Moutinho contre l’Ukraine, on doute qu’il reconduise ce trio lundi soir contre la Serbie. Bien trop timides dans l’utilisation du ballon, les trois joueurs sont en grande partie responsables de la stérilité de la possession portugaise.
Pendant la Ligue des Nations, Fernando Santos proposait un séduisant trio Neves – William – Pizzi qui avait particulièrement bien marché. Très bon avec Benfica en ce début d’année 2019, Pizzi pourrait bien débuter le match lundi soir, à la place de Moutinho. On compterait sur le joueur de Benfica pour apporter la percussion qui a manqué vendredi soir à l’Estadio da Luz.
Une autre option peut-être envisagée dans le cœur du jeu : l’option Bernardo Silva. Si son entraîneur Pepe Guardiola le décrit comme un joueur suffisamment intelligent pour jouer à n’importe quel poste, il semblerait que celui de numéro 8 soit le plus adapté aux qualités du prodige portugais. Cependant, Fernando Santos préfère voir le mancunien sur l’aile droite, où il forme un duo intéressant avec Cancelo.
Des supporters de moins en moins patients
C’est un véritable casse-tête qui se dresse face à Fernando Santos à quelques heures de ce match déterminant contre la Serbie. Le sélectionneur portugais fait de moins en moins l’unanimité auprès des supporters portugais qui commencent à perdre patience, et qui réclament plus de spectacle, ainsi qu’un jeu plus séduisant.
Le Portugal va-t-il enfin montrer le visage qu’on attend tous ?
Réponse ce soir, à 20h45.