Au fil des années, le Portugal s’est imposé comme l’un des grands exportateurs d’entraîneurs en Europe et dans le monde. De José Mourinho à Rúben Amorim, en passant par Jorge Jesus et Abel Ferreira, les techniciens lusitaniens se sont forgé une solide réputation à travers le monde. Pourtant, un chiffre interpelle : parmi les vingt plus grands championnats européens, le Portugal est le pays d’Europe où la proportion d’entraîneurs n’ayant pas connu de carrière professionnelle en tant que joueur est la plus élevée.
Un contraste net avec le reste de l’Europe
En effet, seuls 37% des entraîneurs officiant actuellement en Liga Portugal ont connu, par le passé, une carrière de joueur professionnel. Un pourcentage relativement faible, notamment si on le compare avec d’autres championnats d’élite du football européen. La Serie A italienne, par exemple, compte pas moins de 86% d’anciens joueurs sur les bancs de ses équipes, tandis que la Suisse présente le deuxième pourcentage le plus élevé avec 83%.
🇮🇹 Serie A has the highest percentage of coaches that were once professional players (86%).
In 🇵🇹 Primeira that percentage is the lowest (37%).
Sample: Top 20 leagues by revenue, 2024/25
📷 UEFA pic.twitter.com/3r3zdjUNs6
— Football Meets Data (@fmeetsdata) September 22, 2025
Au Portugal, cette tendance se développe notamment chez les plus grandes équipes du championnat. Parmi les quatre « gros », seul l’entraîneur du Sporting, Rui Borges, a foulé les pelouses des championnats professionnels au Portugal, sans pour autant se rapprocher d’un niveau international.
Une tendance culturelle au Portugal ?
Mais alors, comment expliquer une telle différence entre le Portugal et d’autres ligues du continent européen ? Il semblerait que celle-ci s’explique en premier lieu par un contexte culturel. Au fil des années, bon nombre d’entraîneurs portugais sont parvenus à inscrire leur nom dans l’histoire du football national sans pour autant avoir connu de carrière professionnel par le passé.
Le cas de José Mourinho, passé d’un rôle d’interprête à une première expérience à Leiria, avant d’imposer sa légende à Porto, en est une parfaite illustration. Le succès du Mou’, marqué par une Ligue des Champions remporté en 2004, aux débuts de sa carrière d’entraîneur, a contribué à renforcer la légitimité de ces techniciens non-joueurs. Par la suite, d’autres grands noms du coaching « a portuguesa », comme André Villas-Boas, ont su entretenir cette tendance.
La formation des entraîneurs au Portugal peut également agir comme un élément déterminant sur cette étonnante donnée. Contrairement à d’autres nations comme l’Italie, où l’expérience de joueur prime nettement sur le reste, le Portugal place les compétences pédagogiques et théoriques au coeur de son système de formation des entraîneurs.
Ainsi, des cursus académiques, impliquant notamment de longues heures d’études sur de l’analyse vidéo, de la tactique, de la psychologie, du leadership, de la méthodologie ou encore des éléments propres à la science du sport (nutrition, physiologie, récupération…) permettent aux entraîneurs portugais de se former efficacement sur les réalités du haut-niveau, sans même l’avoir fréquenté par le passé.
En définitive, si la Liga Portugal affiche une singularité frappante par rapport aux autres championnats européens, ce n’est pas un hasard mais bien le fruit d’une culture et d’une formation spécifiques. Le Portugal a su transformer l’absence de vécu professionnel de ses entraîneurs en une force, grâce à un modèle axé sur l’expertise théorique, l’analyse et la pédagogie. Un pari audacieux qui, au vu des succès internationaux de ses techniciens, semble porter ses fruits. Reste désormais à savoir si cette exception lusitanienne inspirera d’autres nations, ou si elle restera une marque de fabrique unique du football portugais.
Crédit photo : Ahmad Mora/Getty Images
Alexandre Ribeiro a lancé le site Trivela.fr en 2019 et le dirige aujourd’hui aux côtés de ses collaborateurs. Passionné par le football portugais dans son ensemble, et notamment par l’équipe nationale portugaise, c’est avec toute son énergie et son implication qu’il fait vivre ce média de façon quotidienne.
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