SL Benfica : Vers une fuite totale des talents “Made in Seixal” ?

Si, du côté de Benfica, ce mercato estival a été particulièrement onéreux en termes de recrues, il a aussi donné lieu aux départs de nombreux jeunes du club. Et pas des moindres.

Il y a quinze jours, Florentino Luis faisait le choix de quitter Benfica pour partir du côté de l’AS Monaco, sous la forme d’un prêt. Et si, à l’époque, la nouvelle avait déjà fait grincer des dents les supporters des Aigles, ces derniers n’étaient clairement pas au bout de leur peine, concernant les transferts des jeunes espoirs du club. S’en est, en effet, suivi les départs de Ruben Dias à Manchester City, de Tomas Tavares à Alavés, de Jota au Real Valladolid, de Tiago Dantas au Bayern, de David Tavares à Moreirense, de Rodrigo Conceição à Porto ou encore de Pedro Alvaro à Belenenses. Parmi l’ensemble des jeunes talents issus de la formation de Benfica, Gonçalo Ramos semble être l’exception qui confirme la règle, et représente, à ce jour, le seul produit du Seixal qui entre plus ou moins dans les plans de Jorge Jesus.

Les autres sont donc partis. Certains définitivement, d’autres en prêt avec option d’achat, et les plus chanceux ont simplement été prêtés, mais savent pertinemment qu’ils n’ont que très peu de chances de reporter un jour les couleurs rouges, comme en témoigne le message d’adieu publié par Pedro Alvaro sur Instagram, suite à son prêt à Belenenses. Tant de gamins qui ont porté si haut les couleurs de Benfica avec les équipes jeunes, et qui auraient certainement pu prendre part au nouveau projet de Jorge Jesus, à des échelles différentes, certes.

Une source de revenus non-négligeable

Parce que la formation, au-delà de faire partie de l’identité du club depuis de nombreuses années, est aussi, d’un point de vu plus pragmatique, l’une des clés de la bonne santé financière d’un club comme Benfica. En effet, les trois plus grosses ventes de l’histoire du SLB sont, à ce jour, João Félix, parti pour 126 M€ à l’Atletico de Madrid, Ruben Dias qui a rejoint Manchester City contre 68 M€ et Ederson, qui a pris le même chemin pour 40 M€. Trois joueurs qui partagent le point commun d’être passé par les écoles de Benfica durant leur formation. Un peu plus bas dans le classement des plus grosses ventes de l’histoire du club, on peut également retrouver Renato Sanches, transféré pour 35 M€ au Bayern en 2016 ou encore Gonçalo Guedes, 30 M€ au PSG la même année, qui sont aussi issus du Seixal.

Une précieuse carte joker pour Benfica

Alors oui, Pedro Alvaro ne serait peut-être jamais devenu un Ruben Dias. David Tavares, quant à lui, n’aura, à priori, jamais le niveau d’un Renato Sanches. Et s’il semble prometteur, rien n’indique que Rodrigo Conceição ait le potentiel pour devenir un international portugais comme l’est devenu Gonçalo Guedes. Cependant, si Jorge Jesus exclu ce savoir-faire en matière de formation de son ambitieux projet, il semble brûler, seul, une formidable carte joker. Cette même carte joker qui, à l’éviction de Rui Vitoria en janvier 2019, avait largement contribué au succès de Bruno Lage, et donc au rayonnement de Benfica à l’echelle nationale.

Et puis, c’est pas comme si la formation de Benfica connaissait actuellement ses heures les plus sombres. La saison passée, les U19 du SLB ont écrasé le championnat du Sud du Portugal avec 18 victoires et 4 matchs nuls en 22 rencontres, avant de repartir sur un rythme similaire en saison régulière avec 4 victoires en autant de matchs, avant que le Covid-19 ne vienne interrompre cette bonne série. En U23, les jeunes de Benfica ont terminé premiers de la Liga Revelação, à ex-aequo avec Rio Ave. Et si l’équipe B, qui évolue au deuxième échelon national, fait office de léger point noir de la saison pour la formation de Benfica avec une 14e place obtenue avant l’arrêt des matchs, le club lisboète a également su briller à l’echelle continentale, avec une participation à la finale de la Youth League, perdue face au Real Madrid en aout dernier.

Il n’y a pas à dire, la formation de Benfica se porte actuellement plutôt bien. D’ailleurs, le club de Lisbonne est actuellement le plus représenté en Seleção U20, avec 6 éléments sur les 25 sélectionnés.

Vers une rupture avec les supporters ?

Et cette incohérence entre les bons résultats des équipes jeunes, le talent individuel indéniable de certains et le mépris de ces espoirs par Jorge Jesus, peut marquer une véritable rupture entre les supporters et le projet actuel du club, piloté par Luis Filipe Vieira. A quelques jours d’une élection présidentielle qui s’annonce plus disputée que les précédentes, cette discorde pourrait coûter cher à l’actuel président, en poste depuis 2003.

Le candidat aux élections João Noronha Lopes s’en mêle

Et son principal concurrent, João Noronha Lopes l’a bien compris. Lundi, suite à l’annonce du départ de Tiago Dantas au Bayern, le candidat aux élections présidentielles du club a dénoncé le traitement du joueur et, plus globalement, le projet actuel du club vis-à-vis de ses jeunes.

Tiago Dantas est arrivé à Benfica à 4 ans. Aujourd’hui, il a 19 ans, et il va partir avant d’avoir eu sa chance en équipe première, a d’abord lancé João Noronha Lopes. Pourquoi ? Peut-être que Luis Filipe Vieira, l’homme qui a affirmé un jour ne rien comprendre en football, arrivera à nous l’expliquer. Mais en attendant son explication, on peut se demander si le Seixal a vraiment été créé pour ça ? Un gamin, comme tant d’autres, qui a rêvé toute sa vie de porter le maillot sacré à l’Estadio da Luz, qui a porté Benfica dans toutes les catégories, en qui tous les entraîneurs reconnaissent un talent inégalé. Un gamin qui a donné tout ce qu’il pouvait pour le club. Et nous, qu’est ce qu’on lui donne quand il atteint l’âge adulte ? Un billet d’avion pour Munich. Est-ce le rêve que nous voulons promettre à ces enfants ?”, a-t-il enchaîné.

Un message, qui a d’ailleurs été partagé de façon massive par de nombreux supporters de Benfica, qui semblent avoir fait le choix d’être favorables à une véritable révolution dans leur club. Une révolution, qui passerait notamment par la mise en avant des enfants du Seixal.

Crédit photo : IconSport

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