A la veille de la reprise du championnat portugais, aucun diffuseur français ne s’est emparé des droits de diffusion de la Liga Portugal Betclic.
Pour suivre la Liga Portugal Betclic cette saison, il faudra visiblement compter sur les chaînes étrangères. Malgré la présence d’un million et demi de personnes d’origines portugaises vivant en France, aucun diffuseur français n’a souhaité s’emparer des droits télévisés des matchs de Liga Portugal Betclic, comme l’a récemment révélé le journal L’Equipe.
La fin du football portugais sur RMC ?
Depuis 2016 et le lancement de RMC Sport, c’est donc cette chaîne du groupe Altice qui s’était emparée des droits du football portugais, pour diffuser chaque semaine les plus grosses affiches du championnat de première division. Pour autant, la chaîne payante s’apprête à prendre un virage déterminant, déjà amorcé depuis de nombreux mois.
En effet, RMC Sport tend petit à petit à retirer son offre football. Comme l’annonce L’Equipe, la chaîne de sport devrait proposer pour une dernière année son offre européenne, puis s’écarter du ballon rond. En vogue depuis quelques années, avec notamment la légalisation du MMA en France, ce sont les sports de combat qui ont le vent en poupe sur RMC Sport. La chaîne du groupe Altice devrait ainsi privilégier les droits des plus grandes organisations de cette discipline, comme l’UFC ou le Bellator, au détriment des licences football qu’elle possédait jusque-là.
Une porte qui se ferme
Pour bon nombre d’observateurs du football portugais, il s’agit d’un moindre mal. En effet, nombreux sont ceux qui disposent d’ores et déjà des chaînes portugaises comme Sport TV, qui propose d’ailleurs une offre bien plus complète que ce qu’a pu délivrer RMC Sport au cours des dernières années, concernant le championnat portugais.
Pour autant, cette décision stratégique des diffuseurs français de ne pas se positionner sur le football portugais met à mal l’accessibilité de la Liga Portugal Betclic auprès d’une très grande partie de la population. Bon nombre de Luso-descendants, pas toujours à l’aise avec la langue portugaise, vont ainsi éprouver davantage de difficultés à suivre le championnat de leur pays d’origine.
Mais encore, les nombreux passionnés de football, qui n’ont pas pour autant de lien particulier avec le Portugal, mais qui restent pour autant curieux de s’ouvrir à ce championnat pourvoyeur de nombreux talents, auront également plus de difficultés à alimenter leur curiosité.
Par exemple, j'avais un œil dessus quand je tombais sur un match… je sais que j'aurais pas la démarche d'allez chercher un lien pour voir un match.
— MyCase FC 📱 (@myCaseFC) August 9, 2023
En d’autres termes, cet arrêt soudain de la diffusion de l’élite du football portugais en France met à mal l’accessibilité à cette ligue, déjà très souvent méprisée dans l’hexagone.
A qui la faute ?
Pour autant, cette situation est tout sauf anodine. S’il s’agit d’un véritable coup de massue pour la médiatisation du football portugais en France, il semble essentiel de s’interroger sur les raisons de ce choix stratégique.
Contrairement à la Premier League ou à la Ligue 1, la Liga Portugal Betclic connaît une réelle perte d’intérêt de la part des observateurs du football européen. Un constat expliqué par différents facteurs propres à cette première division nationale.
Sur les 21 dernières éditions de la première division portugaise, une seule n’a pas été remportée par les deux mastodontes du football portugais, à savoir le SL Benfica et le FC Porto. Une statistique étonnante, qui marque la domination territoriale de ces deux rivaux sur le football national, mais qui témoigne également des immenses inégalités présentes dans ce championnat. Des inégalités qui mettent forcément à mal l’intérêt du spectateur pour la compétition. Dans le même temps, la Premier League compte pas moins de 6 vainqueurs différents. 7 pour la Ligue 1 française.
Et au-delà de ce manque de suspens dans la course au titre, qui se résume très souvent à un face-à-face entre les deux clubs les plus puissants du pays, le championnat portugais souffre du manque d’une réelle proposition esthétique délivrée au téléspectateur. En février 2022, le CIES indiquait que la Liga Portugal Betclic ne se trouvait qu’en 31e position des ligues européennes qui possédaient le temps de jeu utile le plus important. L’étude a ainsi révélé que lors d’un match de première division portugaise, le ballon ne roulait en moyenne que 57 minutes, sur les 90 qui délimitent le coup d’envoi du coup de sifflet final.
Un travail interne inévitable
Si le réflexe évident reviendrait à blâmer les diffuseurs français qui ont souhaité passer leur tour au moment de s’offrir les droits télévisés des clubs professionnels portugais, la réflexion doit impérativement aller au-delà pour qu’on puisse assister à un réel changement de paradigme.
En effet, il revient aux hautes instances du football portugais de trouver les solutions pour augmenter la compétitivité globale du championnat, pour ainsi lui redonner un intérêt aux yeux des supporters, des observateurs et donc, par conséquence, des diffuseurs. Car si la France, qui compte pas moins d’un million et demi de personnes d’origines portugaises entre ses murs, manque d’intérêt pour le football portugais, quel autre pays pourrait être amené à s’y intéresser ?
Un travail interne à grande échelle semble désormais inévitable, car il entre également dans une logique économique. A l’approche de la centralisation des droits télévisés au Portugal, la Ligue se doit impérativement de valoriser au mieux son produit, y compris auprès des diffuseurs étrangers, de sorte à récupérer la somme la plus élevée pour la redistribuer aux différents clubs du championnat.
Dans un environnement particulièrement concurrentiel, au sein duquel certaines ligues d’Europe et d’ailleurs parviennent à émerger et à connaître une nette hausse d’intérêt aux yeux des diffuseurs, cette mission sera des plus complexes.
Crédit photo : IconSport
Alexandre Ribeiro a lancé le site Trivela.fr en 2019 et le dirige aujourd’hui aux côtés de ses collaborateurs. Passionné par le football portugais dans son ensemble, et notamment par l’équipe nationale portugaise, c’est avec toute son énergie et son implication qu’il fait vivre ce média de façon quotidienne.
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