Un international portugais raconte son effroyable nuit en détention aux Pays-Bas

Après des scènes de tensions qui se sont déroulées dans la foulée du match entre l’AZ et le Legia la semaine passée, l’international portugais Josué (4 sélections) a été contraint de passer une nuit en détention.

“C’était une nuit terrible. Je n’ai jamais rien vécu d’aussi grave, d’aussi injuste.” Tels ont été les premiers mots de Josué, au moment d’évoquer la nuit passée en détention au cours de la semaine dernière. Quelques heures avant de se retrouver derrière les barreaux, le milieu de terrain portugais portait le brassard du Legia, à l’occasion d’une rencontre qui opposait les siens aux joueurs de l’AZ, en terres néerlandaises.

Et si ce rendez-vous européen avait tout d’un match anodin dans la longue carrière de Josué, celui-ci s’est rapidement transformé en calvaire. Après des échauffourées avec la police locale, deux joueurs du Legia, dont l’international portugais de 33 ans, ont été interpellés par les forces de l’ordre.

“Une nuit terrible”

C’est donc avec les menottes aux poignets que l’ancien joueur du FC Porto a quitté les abords du AFAS Stadion. Relâché le lendemain matin, Josué a tout de même passé la nuit en détention. De longues heures d’incompréhension et de doutes, largement suffisantes pour marquer le capitaine emblématique du Legia. “C’était une nuit terrible. Je n’ai jamais rien vécu d’aussi grave, d’aussi injuste. Et croyez-moi, j’ai vécu beaucoup de choses dans ma vie”, a d’abord lancé le joueur au média WP SportoweFakty, avant d’enchaîner : “Je ne souhaiterais pas ces heures d’incertitudes et de peur à mon pire ennemi. Je suis sorti de détention mais il me faudra du temps pour récupérer mentalement.”

Après cette nuit d’angoisse, l’international portugais de 33 ans souhaite passer définitivement à autre chose. Cela passera notamment par l’abandon des objets qu’il portait en ce soir d’octobre. “Je sais que je vais devoir vivre avec ça, mais d’un autre côté, j’aimerais me débarrasser de cette image, ainsi que de tout ce que je portais à ce moment-là. Lorsqu’ils m’ont arrêté, j’ai dû restituer les boucles d’oreilles noires et les chaussures que je portais. Je ne les porterais plus jamais, c’est impossible. Tout est parti à la poubelle. Cependant, vous pouvez jeter des choses, mais il n’est pas facile de les sortir de votre tête”, a-t-il ajouté.

Un long moment de confusion

Mais alors, que s’est-il réellement passé à Alkmaar, en cette soirée de Ligue Europa Conférence ? “Après le match, il n’y avait aucun signe de problème”, se souvient Josué, qui a même profité de l’après-match pour discuter avec son ami et adversaire du soir, Bruno Martins Indi.

Cependant, c’est une fois sorti du vestiaire que les choses se sont gâtées. Selon la version du joueur, la police a ordonné aux agents de sécurité présents sur place d’empêcher l’ouverture du portail, afin de bloquer le bus du Legia. Le président du club polonais, également présent avec le reste de la délégation, aurait alors fait part de son mécontentement, avant de sortir son téléphone pour filmer la scène. C’est à ce moment-là que le ton serait monté entre la police et le groupe polonais.

“Nous étions assis dans le bus et l’entraîneur m’a appelé, ce qui est normal en tant que capitaine. Il m’a dit que la police avait un suspect en tête, parce qu’apparemment, un agent de sécurité avait été blessé. Ce suspect, c’était Rasha Pankov. L’entraîneur m’a dit que la police voulait que Rasha passe la nuit avec eux. J’ai dis à l’entraîneur que si Rasha y allait seul, ça allait mal se passer. Vue la façon dont on était traités, j’étais sûr que Rasha allait souffrir, seul avec eux. Il ne pouvait pas se retrouver seul là-bas. Après 15 minutes, les agents de sécurité ont dit que si Rasha ne sortait pas du bus, ils entreraient de force. Ça aurait été un massacre. Puis la police a dit qu’il y avait un deuxième suspect, et que le second portait des boucles d’oreilles noires. C’était moi. J’ai dit à la police, ok, pas de soucis, on vient avec vous. Nous ne pouvions pas prendre le risque que la police entre dans le bus, parce que ça aurait été un vrai massacre. Je leur ai dit que je venais avec eux, sans m’opposer. Mais ça n’a pas été suffisant. Ils m’ont tordu les bras et m’ont embarqué comme si j’étais un criminel”, se souvient Josué.

“C’est impossible de dormir dans cette situation”

Arrivé sur place, le Portugais a dû passer de longues heures dans des conditions précaires, aux côtés d’autres détenus. “Ils m’ont donné du pain, mais je n’avais pas envie de manger. Je n’ai rien mangé pendant plus d’une demi-journée. J’ai juste demandé à me laver les mains et le visage. Tu ne sais pas qui est à tes côtés dans ce genre d’endroit. Si ces personnes ont tué quelqu’un, violé quelqu’un… Tu n’en as aucune idée. C’est impossible de dormir dans une telle situation. C’était clairement le pire endroit dans lequel je me suis retrouvé de toute ma vie”, a expliqué Josué.

Sans le moindre contact avec le monde extérieur, l’ancien joueur du FC Porto a notamment souffert des doutes liés à la durée de sa détention. “J’ai commencé à avoir peur de devoir rester là encore quelques jours. Le temps est passé très, très, très lentement durant cette nuit“, se souvient-il.

Un traumatisme partagé

L’incertitude, l’incompréhension. Pendant de longues heures, le footballeur de 33 ans n’a pas eu la moindre idée du sort qui allait lui être réservé au sortir de cette détention. Une angoisse qu’il a malheureusement dû partager avec sa famille, également plongée dans l’incertitude la plus totale le temps d’une nuit. “Cela m’a beaucoup affecté, et pas seulement moi, mais aussi ma famille. Comme je l’ai dit, je vais devoir vivre avec ça, mais je ne veux pas que ma fille vive avec ça. Elle aussi a dû répondre à des questions des autres enfants, sur son père qui était en prison”, a explique Josué.

“Ma fille a entendu ma femme parler avec des personnes du Legia. Ma femme a essayé de parler avec le monde entier. Avec le club, avec mes agents, avec l’ambassade portugaise… elle a cherché à comprendre ce qui s’était passé. Ma fille a 11 ans. Elle a accès à Internet et a vu les images qui ont circulé sur TikTok, avec la légende “Josué en prison”. C’est dur de s’en remettre”, s’est confié le joueur, particulièrement marqué par les derniers jours particulièrement agités qu’il a vécu.

Josué veut aller de l’avant

Encore traumatisé, Josué s’est pour autant montré déterminé à l’idée de retrouver sa vie “normale”. Ce week-end, le Portugais a ainsi repris le chemin des terrains à l’occasion de la réception de Rakow, en championnat. La présence du capitaine du Legia sur le pré n’a cependant pas suffit pour empêcher la défaite de l’équipe locale, vaincue sur le score de deux buts à un devant son public.

Malgré cet échec, qui place le Legia en quatrième position du championnat polonais, Josué aura tout de même eu l’occasion de se changer les idées, bien loin du poste de police d’Alkmaar qui devrait le perturber encore quelques temps.

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