Interview exclusive – Márcio Mossoró : « À Braga, on a marqué l’histoire »

Márcio Mossoró

Plus de dix ans après son inoubliable passage dans les rangs du SC Braga (2008-2013), le milieu de terrain brésilien Márcio Mossoró est revenu, pour Trivela.fr, sur ses belles années au sein du football portugais.

Au Portugal, Márcio Mossoró a disputé plus de 200 matchs. Si c’est sous les couleurs du Maritimo qu’il a joué ses premières minutes en terres portugaise, ce meneur de jeu brésilien s’est principalement démarqué dans les rangs du SC Braga, en contribuant au succès des Arsenalistas au début des années 2010. Avec le club du Minho, il a notamment remporté la Coupe de la Ligue en 2013, et disputé la finale de la Ligue Europa 2010/11, perdue face au voisin du FC Porto.

T : Lors de votre première expérience dans le championnat portugais, sous les couleurs du CS Maritimo, vous avez brillé en inscrivant 7 buts et délivré 3 passes décisives. Que pouvez-vous nous dire sur votre adaptation au football portugais ?

M : Lorsqu’on regarde les statistiques, on pourrait penser que je me suis très vite acclimaté, mais en réalité, la première partie de saison a été difficile. J’ai eu beaucoup de mal à m’adapter au style de jeu et au rythme déployé au Portugal. Mais grâce à l’entraîneur Sebastião Lazaroni, qui m’a beaucoup aidé et qui a cru en moi, j’ai eu un déclic sur la deuxième partie de saison, ce qui a aidé le Maritimo à se qualifier pour la coupe d’Europe.

T : Après cette première expérience au Maritimo, vous avez rejoint le SC Braga durant la saison 2008/2009, sous les ordres de Jorge Jesus…

M : Jorge Jesus est en grande partie responsable de ma venue à Braga. Il s’est occupé de tout lors des négociations de mon transfert. Ça a été important pour moi de voir à quel point il était déterminé à me prendre dans son équipe. Encore une fois l’adaptation n’a pas été simple, il y avait beaucoup de joueurs déjà en place, mais avec du temps et du travail, j’ai réussi à gagner ma place et à effectuer quatre saisons extraordinaires.

T : Régulièrement titulaire, vous avez contribué à faire grandir le club. Qu’est-ce que vous retenez de ce passage à Braga ?

M : C’est un club qui a une grande importance pour moi. Ma première maison parmi tous les clubs dans lesquels j’ai évolué. C’est un club où on a marqué l’histoire avec deux participations en Ligue des Champions, c’était inédit. Une Coupe de la Ligue, vice-champion du Portugal et de la Ligue Europa, tout en faisant partie du top 3 pendant 5 saisons… C’est pour ces raisons que le SC Braga sera toujours un club particulier pour moi. Ce club m’a développé en tant que sportif et en tant que personne. Je suis convaincu que si j’ai réussi à jouer jusqu’à mes 40 ans, je le dois beaucoup au SC Braga.

T : Durant ces 5 saisons, vous n’avez cessé de jouer les trouble-fête, en luttant pour le titre, en disputant la Ligue des Champions, et en allant jusqu’en finale de la Ligue Europa. Cela a été une surprise pour vous ?

M : Ça a été une surprise pour beaucoup de personnes qui ne nous connaissaient pas. Le président Antonio Salvador et Jorge Jesus ont réussi à monter cet effectif de qualité. Ce dernier a été fondamental lors de sa venue, et puis lorsqu’il est parti, ses successeurs ont poursuivi en gardant les mêmes bases, ce qui est selon moi une forme d’intelligence.

T : Vous avez travaillé avec de grands entraîneurs portugais, comme Jorge Jesus, Domingos Paciencia, Leonardo Jardim ou encore José Peseiro. Qu’en retenez-vous ?

M : J’ai eu le privilège d’être entraîné par de très grands entraîneurs durant ma carrière, mais avant de donner mon ressenti sur chacun d’entre eux, j’aimerais mentionner mon entraîneur au CS Maritimo, Sebastião Lazaoni. Il m’a beaucoup soutenu lors de mon adaptation compliquée au football portugais et il m’a donné la chance de montrer ma valeur à mes débuts. Après lui, c’est vrai que j’ai connu de grands entraîneurs. Jorge Jesus et Domingos Paciencia ont marqué l’histoire du club. J’ai aussi apprécié José Peseiro, qui a une grande compréhension du jeu. Je pense cependant que Leonardo Jardim a été le meilleur entraîneur que j’ai côtoyé. J’ai été impressionné par la manière avec laquelle il a su gérer le vestiaire.

T : S’il ne fallait garder qu’un seul moment de votre passage à Braga, ça serait lequel ?

M : Le moment le plus marquant à Braga… Il y en a eu beaucoup, mais je dirais quand même la saison 2009/10. Malgré ma grosse blessure, on a effectué un très bon championnat en terminant vice-champion derrière le Benfica. Après cela j’ai connu d’autres moments inoubliables, comme la demi-finale de Ligue Europa contre le Benfica, durant laquelle nous avons réalisé deux très bons matchs, et bien-sûr, la finale, la même année, contre le FC Porto. Tout le monde nous voyait perdre largement et on a déjoué les pronostics en parvenant à les regarder dans les yeux, malgré la défaite (1-0).

T : Est-ce un regret de n’avoir pas réussi à remporter ce trophée ?

M : Non, je ne dirais pas que c’est un regret. Je pense qu’on aurait pu remporter le championnat, mais pas la Ligue Europa. Le FC Porto à cette période avait une très bonne équipe et méritait son succès face à nous. Je pense qu’il y avait la place de gagner le championnat car nous avions été très proche. Ça s’est passé comme ça devait se passer, c’est la dure loi du football.

T : Depuis quelques temps, le SC Braga se développe et mise sur les jeunes joueurs de son académie. Ce n’était pas forcément le cas à votre époque. Que pensez-vous de cette stratégie ? Était-ce une trajectoire inévitable pour permettre au club de se développer ?

M : Le nouveau modèle du Braga, qui consiste à lancer les jeunes dans le grand bain et à leur donner plus d’opportunités, je pense qu’il a été fondamental pour le club, qui a pu vendre ses meilleurs jeunes à des montants records. Je pense que le travail mis en place est désormais reconnu en ce qui concerne la formation des jeunes, et c’est en partie grâce à l’excellent travail réalisé par les entraîneurs de l’académie. Il ne faut pas oublier de mentionner le président Antonio Salvador qui a eu cette vision depuis plusieurs années.

T : Ces dernières semaines, le club a été marqué par le départ de l’entraîneur Artur Jorge, en direction de Botafogo. Qu’avez-vous pensé de ce départ dans votre pays natal ?

Je pense que c’est une décision personnelle et un nouveau challenge intéressant qui s’est dressé à lui. Je crois que l’idée de rejoindre un nouvel environnement lui a plu, il a pris la décision de partir du SC Braga car à mon sens, il était arrivé au bout du projet. En signant au Botafogo, il rejoint un club qui a lutté pour le titre la saison passée, après plus de 30 ans passées loin des premières places. C’est un beau challenge, le fait de disputer la Copa Libertadores la saison prochaine a peut-être également pesé dans la balance. Je crois qu’il a tout pour réussir au Brésil, c’est un entraîneur compétent qui vit le football de manière intense.

T : Si plusieurs jeunes joueurs se développent, d’autres, comme vous, jouent de plus en plus longtemps. Vous avez récemment mis un terme à votre carrière à l’âge de 40 ans. Comment expliquez-vous cette longévité au très haut niveau ?

M : Je pense que j’ai réussi à durer dans le temps car j’ai toujours été bien entouré avec des personnes qui m’ont soutenu lorsque j’en avais besoin. Je suis reconnaissant envers toutes ces personnes qui m’ont aidé à atteindre ces 20 ans de carrière en tant que joueur professionnel. Ça n’a été que des bons moments. Je suis également fier d’avoir terminé ma carrière dans ma ville natale, auprès de ma famille et de mes amis.

T : Désormais, vous êtes jeune retraité. Quels sont vos projets pour le futur ? Devenir entraîneur et rejoindre éventuellement le staff du SC Braga par la suite ?

M : Oui, ça serait un rêve pour moi de rejoindre le staff technique du SC Braga. C’est un club au sein duquel j’ai été très heureux et qui restera spécial pour moi. Pour l’heure, j’ai l’intention de passer mes diplômes d’entraîneur au Brésil, mais je voudrais également me former au Portugal, aux côtés des techniciens portugais. Si un jour, je venais à recevoir une invitation pour intégrer la structure du SC Braga, je ne réfléchirais pas longtemps.

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