Mardi Pépite : Domingos Quina, l’éclosion retardée d’un jeune joueur pressé

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Si Domingos Quina fait partie des éléments clés de la génération 1999 portugaise, le joueur de 19 ans peine à se faire une place en club. Retour sur le début de carrière mitigé d’un jeune phénomène.

Ses débuts à Benfica

Le foot, il y est tombé dedans quand il était tout petit. Né à Bissau, en Guinée-Bissau en novembre 1999, Domingos Quina a commencé le football très jeune, poussé par son père Samuel Quina, ancien international portugais au début des années 1990 (5 séléctions). C’est sous la tunique rouge de Benfica, que son père a porté pendant plus de dix ans, que Domingos Quina va connaître ses premiers pas sur un terrain de football. Particulièrement doué techniquement, le jeune Domingos fait très vite parler de lui auprès des recruteurs étrangers.

Un départ précoce, à Chelsea

A seulement 13 ans, à la fin de la saison 2012/2013, le jeune phénomène est recruté par Chelsea, qui vient d’être sacré vainqueur de l’Europa League, en remportant la finale contre … Benfica. Une nouvelle aventure commence pour Domingos Quina, qui, assoiffé de réussite, veut progresser parmi les plus grands. A Chelsea, le jeune joueur s’impose comme l’une des plus grandes promesses de l’académie londonienne, et devient un milieu de terrain particulièrement sollicité. A 15 ans, il est même appelé pour la première fois avec les U17 du Portugal.

Playmaker de la génération 1999 portugaise

En 2015, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, Domingos Quina forme la fameuse « génération 1999 » avec d’autres Portugais très talentueux comme Diogo Dalot, Jota, Florentino Luis ou Diogo Leite. C’est avec cette génération dorée que le jeune joueur de Chelsea remporte l’Euro U17, en 2016. Durant cette compétition, Domingos Quina est l’un des grands acteurs du succès portugais, en réalisant de superbes performances au poste de meneur de jeu. Il devient très vite le playmaker de cette formidable équipe, capable d’organiser le jeu, mais également de se montrer décisif. David Webb, alors recruteur pour Tottenham, a d’ailleurs reconnu avoir été impressionné par le talent de Domingos Quina lors d’un match du Portugal U17. « Je l’ai vu jouer avec le Portugal contre l’Italie, lors d’un match U17 quand j’étais à Tottenham. Je ne connaissais pas grand chose de lui, mais le Portugal avait battu l’Italie 6-0 et il avait marqué trois buts. Là, je me suis dit « Waw, c’est qui celui-là ? » a déclaré le recruteur Anglais à SkySports. « Il était très bon techniquement, et très doué en termes de mouvement et d’intelligence de jeu. Il était très intelligent pour son âge. En plus de ça, il a prouvé qu’il pouvait marquer des buts, et créer des occasions« , a poursuivi David Webb, complètement sous le charme du milieu de terrain portugais.

Un départ surprenant à West Ham

Après une magnifique victoire finale à l’Euro U17, Domingos Quina retourne en Angleterre où il n’entre pas encore dans les plans de l’équipe première de Chelsea. Bloqué par une énorme concurrence à son poste, le jeune international U17 portugais quitte le club londonien. Courtisé par Arsenal, Manchester United et Tottenham, c’est finalement à West Ham que Domingos Quina pose ses valises. Un choix surprenant, guidé par une volonté de connaître le plus haut niveau le plus rapidement possible. A West Ham, Domingos Quina fait ses premiers pas dans l’équipe professionnelle en juillet 2016, à seulement 16 ans, lors d’un match d’Europa League à Domzale en Slovénie. Il devient, par la suite, membre de l’équipe première mais n’a que très peu de temps de jeu chez les Hammers. Il signe, malgré tout, son premier contrat professionnel avec West Ham en novembre 2016, qui le lie au club de l’Est de Londres jusqu’en 2019.

Un nouveau départ pour Quina, à Watford

Si sa situation en club ne le satisfait pas, Domingos Quina brille avec la génération 1999 portugaise. A l’été 2018, deux ans après l’Euro U17 remporté face à l’Espagne, le Portugal remporte l’Euro U19, mené, une nouvelle fois, par un excellent Domingos Quina au milieu de terrain. Parfaitement à l’aise dans le 4-3-3 portugais, le jeune meneur de jeu parvient à se mettre en valeur et à attirer l’œil des recruteurs du FC Barcelone. Cependant, c’est à Watford que Domingos Quina signe à l’été 2018, contre une somme anecdotique avoisinant le millions d’euros. Chez les Hornets, le jeune portugais compte bien relancer sa carrière qui a semblé ralentir pendant deux saisons à West Ham.

Des difficultés pour s’imposer en Premier League

Domingos Quina est un joueur technique, qui aime combiner dans les petits espaces. Un profil qui n’est pas forcément le plus adapté au jeu rugueux et agressif de la Premier League. Ainsi, son entraîneur Javi Garcia préfère aligner des joueurs plus « costauds » comme les Français Etienne Capoue et Abdoulaye Dioucouré au milieu de terrain, plutôt que Domingos Quina qui présente un profil plus léger, du haut de son mètre 77 et de ses 72 kilos. Le Portugais parvient tout de même à faire quelques apparitions en Premier League, ce qui lui vaut même le titre de meilleur jeune joueur du club lors de la saison 2018/2019. Une saison prometteuse, mais perturbée par une blessure à l’épaule qui empêche Domingos Quina de défendre le maillot du Portugal à la Coupe du Monde U20 à l’été 2019. Sans son meneur de jeu, la génération 1999 portugaise manque complètement sa compétition, et est éliminée au premier tour.

Peu de temps de jeu cette saison

Qui sait où aurait joué Domingos Quina cette saison sans cette grave blessure ? Quoi qu’il en soit, le joueur est resté une saison de plus à Watford, mais son temps de jeu ne s’est pas amélioré. Dans une équipe en grande difficulté, qui loge à la dernière place de Premier League, Domingos Quina doit se contenter de ne jouer que les matches de coupes à faible importance pour le club (9 minutes de jeu en Premier League, après 10 journées). C’est d’ailleurs en EFL Cup, ce mardi face à Everton, que Domingos Quina a dû quitter les terrains avant la mi-temps, à cause d’une nouvelle blessure. Celle-ci ne va pas arranger les affaires du Portugais, qui a d’ailleurs vu son équipe se faire éliminer de la seule compétition où il avait du temps de jeu cette saison.

Peut-être qu’il n’est pas destiné à avoir la carrière qu’on lui avait prédit, ou peut-être que, pour Domingos Quina, l’éclosion sera tout simplement plus tardive que pour certains de ses compatriote de sa génération, comme João Félix, Florentino Luis ou Rafael Leão. Alors qu’il fêtera ses vingt ans le 18 novembre prochain, Domingos Quina arrive à un tournant de sa carrière, et doit retrouver la confiance et le temps de jeu nécessaire pour tirer le maximum de ses capacités exceptionnelles. A Watford, ou ailleurs.

Crédit photo : IconSport