Qui de mieux qu’un supporter pour parler de son club ? Ce dimanche, alors que Bordeaux se déplace à Marseille pour le choc de la 17e journée de Ligue 1, nous avons interrogé le supporter bordelais Adrien (@Scipionista) au sujet des débuts de Paulo Sousa chez les Girondins.
Bonjour Adrien, et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tout d’abord, quel était ton ressenti au moment où tu as appris la signature de Paulo Sousa à Bordeaux, en mars dernier ?
Honnêtement, j’étais ravi. On sortait d’un cycle morose avec Ricardo/Bedouet et là, on fait le choix audacieux de prendre un technicien qui ne connaît pas la Ligue 1 et qui va surtout apporter un regard neuf sur le club. Je savais qu’il avait fait de bonnes choses à la Fiorentina et qu’il avait un certain style, je savais aussi que ça prendrait du temps et qu’il fallait être patient pour avoir des résultats. L’effectif était bancal donc ce n’était pas simple pour démarrer.
A ce moment-là, n’y avait-il pas une crainte de revivre une expérience plus ou moins similaire que celle qu’a vécu Bordeaux avec l’Uruguayen Gustavo Poyet en 2018, qui lui aussi, vivait sa première expérience sur un banc de Ligue 1 ?
Je pense que ce sont deux profils différents, Poyet a su s’appuyer sur de vraies ressources mentales et il avait encore Malcom, qui était un immense talent. Là, Sousa est parti de pas grand chose, l’effectif était limité dans plein de secteurs mais il a redonné de la confiance à des gars comme De Préville et Jovanovic. De plus ce sont deux philosophies différentes : un jeu de contre pour Poyet en 4/3/3, et une volonté d’avoir la balle avec des transitions rapides en 3/4/3 pour Sousa. Après, ce sont deux coaches qui ont chacun réveillé le Haillan et ça, c’est salutaire.
Pour ses débuts à Bordeaux, Paulo Sousa a eu beaucoup de mal à prendre des points et n’a remporté que 2 matchs sur les 10 dernières journées de Ligue 1 la saison dernière. Son équipe éprouvait des difficultés à marquer des buts et à se créer des occasion. Comment expliques-tu cela ?
Je pense qu’il récupère un effectif très limité dans tous les secteurs. À part Costil et Kounde, tout le monde était décevant. Il a directement voulu imposer ses idées et la fameuse défense à trois, un système auquel plusieurs joueurs n’étaient pas habitués. Ça a pris du temps pour que tout le monde comprenne ses principes et ça a coïncidé avec les mauvais résultats. Mais vu que Bordeaux ne jouait rien sur cette fin de saison, il n’était pas en danger, quoiqu’il arrive.
Et à ce moment là, quand tu vois les « mauvais » résultats s’enchaîner en fin de saison dernière, commences-tu à douter des capacités de Paulo Sousa, ou tu continues à être séduit par son discours et par ses intentions de jeu ?
Il y avait des motifs d’espoir, la manière dont il a abordé le match contre l’OM (victoire 2-0) avec beaucoup d’ambitions m’a convaincu. Il a appliqué son plan de jeu et ses principes, on a rapidement su où il voulait aller avec son système. Évidemment, les résultats étaient inquiétants mais on n’avait plus grand chose à jouer et on savait que le mercato estival allait apporter des retouches intéressantes. Puis il avait de nombreux jeunes à intégrer comme Yacine Adli. C’était un pari sur le moyen terme, plus que sur une durée courte.
Aujourd’hui, ça marche mieux pour lui, Bordeaux est sur le podium du championnat et propose des choses intéressantes dans le jeu. Comment décrirais-tu le Bordeaux actuel d’un point de vue tactique ? Quels sont, selon toi, ces fameux principes de jeu que Paulo Sousa est en train de mettre en place ?
Son équipe alterne entre un 3-4-3 en phase offensive et un 4-4-2 en phase défensive. Il aime que son onze soit flexible et s’adapte en toutes situations. Pour ce qui est de son utilisation, les transitions rapides sont primordiales, des joueurs comme De Preville et Hwang apportent cette percussion et cette vitesse nécessaire. Il y a une volonté de relancer proprement même si parfois c’est compliqué avec des joueurs comme Mexer et Pablo. Paulo Sousa ne cherche jamais à se détourner de ses principes, que ce soit contre le PSG ou contre Nimes, il souhaite jouer de la même façon. Après, il arrive que son équipe déjoue comme ce fut le cas à Reims, mais il a toujours cette envie de proposer un jeu cohérent, avec les joueurs dont il dispose. Il n’a pas hésité à réintégrer Cafu, qui n’avait plus joué depuis pratiquement un an. Après, Bordeaux possède une vraie réussite (expected goals par exemple) avec de nombreux buts marqués sur coup de pieds arrêtés, ça démontre qu’il possède encore une marge de progression même si l’équipe tourne très bien en ce moment.
Ce système de jeu demande beaucoup de concentration, mais aussi beaucoup d’intensité. Penses-tu que Bordeaux a l’effectif pour tenir ce rythme et se montrer régulier durant toute la saison ?
Bordeaux a sa colonne vertébrale (Costil/Koscielny/Otavio/De Preville). Si ces 4 restent performants, avec les jeunes autour je pense que l’équipe peut accrocher un top 4. Après, il y a beaucoup d’incertitudes sur l’avenir du club et le départ à venir de GACP. Ça peut déstabiliser le groupe mais pour le moment Paulo Sousa parvient à garder tout le monde concerné, c’est une vraie qualité. Pour ce qui est du rythme, l’absence de coupes d’Europe aide beaucoup, puis Bordeaux possède un effectif pléthorique (+25 joueurs sous contrat). Donc de nombreux voyants sont au vert, à moins que les soucis internes ne s’accentuent.
Tout à l’heure, tu parlais du jeune Yacine Adli. Comment juges-tu le travail de Paulo Sousa avec les jeunes joueurs depuis son arrivée à Bordeaux ?
Je trouve qu’il prend le temps de les intégrer, de les impliquer et de les mettre dans les meilleures conditions. Il y a eu Adli mais aussi Tchouameni et Maja qui ont dû attendre avant d’être pleinement lancés. On voit la différence, ce sont des bien meilleurs joueurs qu’à l’arrivée de Paulo Sousa. On attend de voir pour Bellanova et Benrahou aussi. Par contre il y a eu l’échec Youssouf qui est un petit regret.
Dimanche soir, Bordeaux joue au Vélodrome, contre une équipe marseillaise également en forme. Ça sera un gros test pour Paulo Sousa. Penses-tu que Bordeaux a les moyens rivaliser, notamment dans le jeu, avec ce genre d’adversaire à l’extérieur, ou pas encore ?
Oui, c’est vraiment un rendez-vous que j’attends avec impatience car Bordeaux a du mal cette saison contre les gros (défaites face au PSG, Lille, ASSE, nul contre l’OL). J’ai envie de voir les mêmes intentions de cette équipe dans un match du dimanche soir et surtout voir comment elle réagira face à de nouveaux problèmes posés par un adversaire plus équilibré et cohérent que d’habitude. Ça peut clairement servir de tournant, et surtout conforter Paulo Sousa dans ses choix en cas de bon résultat.
Dernière question, avant de terminer. Que ça soit en tant que joueur, ou en tant qu’entraîneur, Paulo Sousa a la réputation de ne jamais rester très longtemps dans ses clubs. Penses-tu qu’il peut s’installer dans la durée à Bordeaux et faire partie du projet du club à moyen/long terme ?
Il a un contrat jusqu’en juin 2022. Ici, on aimerait tous qu’il reste le plus longtemps possible mais on se doute que dans le climat actuel du club, son avenir est très compliqué à prédire, malgré les bons résultats. C’est vrai qu’il n’a pas connu d’aventure longue sur un banc mais ça se sent qu’il se plaît beaucoup à Bordeaux et en Ligue 1. Si son cycle a démarré timidement, aujourd’hui il fait l’unanimité. J’ai rarement vu ça pour un coach à Bordeaux. Le mouvement #ÀlaGuerreAvecPaulo démontre bien l’envie de croire en lui et en ses principes, quoiqu’il arrive.
Crédit photo : IconSport
Alexandre Ribeiro a lancé le site Trivela.fr en 2019 et le dirige aujourd’hui aux côtés de ses collaborateurs. Passionné par le football portugais dans son ensemble, et notamment par l’équipe nationale portugaise, c’est avec toute son énergie et son implication qu’il fait vivre ce média de façon quotidienne.
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