Liga Bwin : L’arbitrage au cœur des critiques

arbitrage portugal

Lors des dernières journées de la Liga Bwin, plusieurs clubs se sont plaints de l’arbitrage. Une pratique qui se répand de plus en plus au Portugal.

Ce week-end, durant la 18ème journée de la Liga Bwin, deux équipes ont réagi de manière critique, sur les réseaux sociaux, à certains faits de match en relation aux décisions arbitrales. Ces deux équipes sont le Boavista, qui affrontait Gil Vicente, et le Benfica qui recevait Moreirense. L’équipe basée à Porto a publié une vidéo d’un but refusé par la VAR, et l’équipe de Lisbonne a elle aussi posté l’extrait du but de Moreirense en demandant : « Quelle est cette VAR qui valide ce but ? ». Ces réactions aux décisions arbitrales de la part des clubs se répandent de plus en plus au Portugal.

Les réseaux sociaux, mais pas que

Les exemples de Boavista et du Benfica montrent que les clubs s’emparent des réseaux sociaux afin de critiquer les décisions arbitrales qui seraient erronées, et qui viendraient surtout les léser. Pour preuve, ils utilisent les extraits vidéos analysés par la VAR afin d’appuyer leurs propos et de montrer par la même occasion, les mauvaises interprétations du corps arbitral. Dans le cas du Benfica face à Moreirense, ce post a été complété par une déclaration dans la News Benfica dénonçant explicitement le rôle du vidéo-arbitre Bruno Esteves, qui aurait déjà couté 4 points au club de Lisbonne. Auparavant, Benfica avait déjà évoqué la rencontre entre Estoril et le FC Porto avec une vidéo comparant un fait de jeu à un autre fait similaire, lors du déplacement du Benfica à Estoril, avec la légende suivante : « Dans le même stade, une dualité criante des critères ».

A propos du même match, qui a fait polémique dans les journaux portugais, Bruno Pinheiro l’entraineur d’Estoril s’est lui aussi exprimé au sujet de l’arbitrage. Dans la zone mixte, il disait que lors de la deuxième période, il avait ressenti que « le terrain s’est un peu incliné et les fautes ont cessé d’êtres sifflées », pointant du doigt de manière explicite l’arbitrage. Le Sporting est lui aussi revenu sur ce match par l’intermédiaire de son directeur de la communication Miguel Braga, évoquant par là même occasion la rencontre des Leões face à Santa Clara, ou le match opposant le Benfica au Paços de Ferreira, parlant aussi d’une « dualité des critères ». Evidemment, le FC Porto y va aussi de son grain de sel, bien souvent grâce à sa newsletter Dragões Diário, pointant régulièrement du doigt des erreurs d’arbitrage, comme lors de la rencontre face au Benfica en Coupe du Portugal.

Des critiques envers l’arbitrage souvent justifiées

La manière de faire des différents clubs portugais n’est probablement pas la bonne et traduit presque de la mauvaise foi. En écoutant les différents discours, et en particulier ceux des trois grands au Portugal, chaque club se positionne en victime d’un arbitrage qui favoriserait toujours les autres. Or, il est évidemment que cette stratégie de désunion n’est profitable pour personne, surtout quand le combat soulevé mérite d’être mené car les critiques de l’arbitrage au Portugal ne sont pas totalement infondées. Des clubs pointent le manque de cohérence dans les décisions arbitrales qui, pour des faits de jeux similaires, vont donner lieu à des sanctions et décisions différentes. Aussi, pour Canal 11, Bernardo Silva critiquait le championnat portugais pour ses nombreux arrêts de jeu : « Mes entraineurs et mes coéquipiers vienne me dire « Je n’ai jamais vu ça, c’est incroyable. Ils sont toujours en train de se plaindre à l’arbitre, toujours en train de tomber par terre », révélait le milieu formé au Benfica.

Au-delà du manque de cohérence dans les décisions, ce que dit Bernardo Silva est corroboré par des chiffres, et l’arbitrage au Portugal est objectivement un élément qui nuit fortement au jeu. L’Observatoire du Football CIES, dans son rapport mensuel n°64 d’avril 2021, étudiait la fluidité des matchs de football dans 37 compétitions européennes, et le Portugal ne fait pas bonne figure. En moyenne, le temps de jeu effectif d’un match du championnat portugais est de 58,3%, ce qui signifie que lors des 41,7% du temps restant, la balle n’est pas en jeu. Cela fait du Portugal l’un des plus mauvais championnats en la matière, se situant 33e sur 37. De même, la durée totale des matchs au Portugal est l’une des plus importante en Europe, avec une moyenne de 8 minutes de temps additionnel par rencontres (deux mi-temps comprises). Le rapport permet aussi de cibler la principale raison de la perte de ce temps : les fautes. 17,4% du temps de jeu arrêté est consécutif à des fautes, situant le championnat portugais à la 3e place de ceux qui perdent le plus de temps pour ce type d’interventions.

Que faire pour résoudre les soucis d’arbitrage ?

La question de l’arbitrage au Portugal est donc un réel problème qui mérite d’être étudié et résolu. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les instances dirigeantes du football portugais ont conscience du problème et agissent pour tenter de trouver des solutions. L’une d’entre elles a été mise en place par la FPF, qui a signé un accord avec la FFF afin que des arbitres français viennent arbitrer des matchs au Portugal, et inversement pour les arbitres portugais. Cet accord est à l’origine un échange de bon procédé visant à apporter l’expérience de chacun pour faire évoluer les arbitres. Malheureusement, même si ce programme n’en est qu’à ses débuts, il parait évident que ce projet n’est pas une réelle solution immédiate.

La situation n’a pas l’air de s’améliorer sur les dernières années et il est crucial d’apporter des changements dans l’arbitrage portugais afin d’endiguer tous ces problèmes. Miguel Braga, directeur de la communication du Sporting, suggérait une nouvelle idée sur Sporting TV : « Cela ferait du bien aux arbitres d’avoir un atelier de football anglais, parce qu’ainsi nous aussi on aurait le droit à un peu de football ». La formation des arbitres est donc peut-être la seule solution pour changer les mauvais aspects de l’arbitrage dans le football portugais. Quoiqu’il en soit, si les clubs souhaitent un réel changement en la matière, il serait mieux pour eux de s’unir sur ces questions plutôt que de rester divisés en se dénonçant les uns et les autres.

Crédit photo : IconSport