2010-2011, une saison qui résonne comme une fierté au Portugal et plus particulièrement du côté de Porto. Un homme à la tête de cette saison de tous les records : André Villas-Boas. Retour sur cette saison où l’exploit d’antan côtoie la nostalgie actuelle.
En ces temps de confinement où le présent est figé et le futur plus que jamais incertain, seule la porte du passée s’entrouvre à nous, rédacteurs, pour vous proposer à vous, lecteurs, un contenu attrayant.
Une arrivée qui divise
La saison 2009/2010 résonne comme une fin de cycle du côté de Porto. Après une 3e place peu glorieuse et un Jesualdo Ferreira ayant mené ses troupes 4 années durant, il était temps pour les Dragons d’apporter du renouveau, de l’ambition et de nouvelles idées.
Survient alors André Villas-Boas, nom pas inconnu du côté du Douro. Loin de là. Bras droit de Mourinho, il a suivi le Special One contre vents et marées à Porto, Chelsea puis à l’Inter Milan, avant de prendre son envol du côté de Coimbra. A 31 ans, quelques jours avant ses 32 printemps.
Puis 2010 arrive, Jesualdo s’en va, Villas-Boas reprend les reines. Un entraîneur de la maison, passionné et doué pour les uns, trop jeune et sans expérience pour les autres. Une arrivée qui divise. Certes. Un premier tournoi en France peu concluant, et le doute plane quelques jours avant la Supercoupe contre Benfica. Le jour fatidique arrive, Porto s’impose 2 à 0, terrasse son rival, remporte un trophée et la saison de tous les records est sur le point d’éclore. La saison est lancée.
Un contingent bien garni
Car quand on parle de Villas-Boas, on ne peut faire abstraction de l’effectif qu’il dirigeait en 2010-2011. Falcao, Hulk, James et Moutinho ne sont qu’une infime partie des autres noms qui ont porté le club durant la saison.
Adepte du 4-3-3 et d’un football porté sur les transitions, il a su exploiter les capacités des hommes qu’il avait à sa disposition. Avec Hulk positionné sur l’aile droite et Varela à gauche, il peut compter sur des qualités similaires : explosivité, rapidité, technique, puissance. Des qualités au service de l’équipe, d’une part, mais surtout d’un attaquant prolifique : Radamel Falcao, au sens du but extraordinaire et d’une efficacité digne des meilleurs avant-centres du monde.
Le milieu s’articule à 3. Fernando, le « poulpe », comme il était appelé du côté du « Dragão », est la sentinelle d’André Villas-Boas. Véritable nettoyeur dans l’entre-jeu du jeune coach portugais, il profite d’une position très axiale pour soulager ses défenseurs et ne se préoccupe que peu des côtés. Devant lui, le colombien Fredy Guarin et le portugais João Moutinho qui viennent compléter ce milieu à 3. Moutinho ayant ce rôle de métronome et Guarin positionné un cran au-dessus. Un milieu d’une complétude hors norme. A nouveau.
Concernant sa défense, la paire axiale varie régulièrement. Rolando, patron de la défense aux 51 matchs et 4590 minutes, est le défenseur central le plus utilisé par AVB. Maicon, avec ses 37 matchs et 2936 minutes jouées, devance Otamendi et ses 32 matchs et 2672 minutes. Confiance, polyvalence et sérénité. Quant aux couloirs, Alvaro Pereira positionné sur la gauche et Fucile sur la droite apportent à leur ailier respectif une solution supplémentaire dans les transitions offensives. Sans oublier Helton, propriétaire des cages des Dragons.
Voilà. Le Porto de Villas-Boas c’était ça. Une défense solide, un milieu complémentaire et une attaque létale. Des lignes en osmose les unes avec les autres et une fluidité comme on en voit peu. Le Porto de Villas-Boas, c’était ça.
Une année de records
Quelle année. Les « Tripeiros » s’en souviennent encore et en parleront au fil des années, des saisons, des décennies. Parce que la demi-mesure, ce n’était pas dans les plans de Villas-Boas, et encore moins dans ceux de ses joueurs. Une Supercoupe, une Coupe du Portugal, un championnat et une Ligue Europa. 4 trophées, une véritable razzia bleue et blanche. Pas de Coupe de la Ligue par contre. Mais bon, était-ce vraiment une priorité ? Nous connaissons la réponse.
Et des records, il n’y en a pas eu peu. Qu’ils soient collectifs ou plus individuels, au final c’est sous l’emblème « Portista » qu’ils ont été réalisés. 93,3% de victoire en championnat, 27 victoires et 3 matchs nuls, aucune défaite et un record de 84 points (sous l’ancien format de 16 équipes à l’époque passé à 18 en 2013-2014). Radamel Falcao est élu meilleur buteur de l’Europa Ligue et détient le record du plus grand nombre de buts sur une saison avec 17 buts. Il en marquera 12 l’année suivante avec l’Atlético. L’autre recordman de cette compétition n’est autre qu’André Villas-Boas. A 33 ans, il devient le plus jeune entraîneur à remporter l’Europa Ligue. Marque de sa précocité légendaire.
Une année de records. C’est le cas. Mais ce n’est pas tout ce qu’on retiendra. Différents matchs et performances individuelles ont marqué l’histoire du club mais aussi du Portugal. Cette victoire sèche, 5 à 0, contre Benfica, pour commencer. Mais aussi cette double confrontation contre le même adversaire en demi-finale de la coupe. Benfica s’impose 2 à 0 au Dragon avant que Porto ne renverse la vapeur et s’impose 3 à 1 à Lisbonne. En finale, les Dragões n’avaient fait qu’une bouchée de Guimarães (6-2).
Un parcours tonitruant en Ligue Europa. Une double victoire contre le Spartak Moscou : 5 à 2 puis 5 à 1. Des patrons. Une autre nette victoire, sur un score similaire : 5 à 1 mais contre Villareal. Falcao inscrit d’ailleurs, ce jour-là, un quadruplé. On en perd cette langue morte qu’est le latin.
Mais ce qui n’est pas mort, loin de là, ce sont les souvenirs qui traversent régulièrement la mémoire des fans du FC Porto et du football portugais en général. Pour l’heure, André Villas-Boas semble s’être retrouvé du côté de Marseille après quelques années difficiles. 42 ans, 10 ans d’expérience et encore de nombreuses années pour battre de nouveaux records.
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