Le 29 avril 2019 marquait un tournant dans l’histoire du football portugais. Les U19 du FC Porto s’imposaient face à Chelsea et soulevaient le trophée de la UEFA Youth League pour la première fois. Un an après ont-ils fait le grand le saut ?
Une année inoubliable et historique
Ils sont classiques et récurrents dans les articles, mais quels autres adjectifs auraient pu mieux décrire cette saison des jeunes du FC Porto ? Plein d’autres, sans aucun doute. Mais ce qui nous intéresse tout particulièrement aujourd’hui, c’est ce parcours qui rend fier tout un club, à commencer par les jeunes et le staff technique.
Si depuis la création de la Youth League les clubs portugais ont toujours fait bonne figure, Benfica et Porto principalement, le titre a souvent fait défaut. Notamment aux jeunes de Benfica. Mais pouvait-on considérer cette nouvelle édition comme celle de la consécration ? Question difficile, car oui, les centres de formation portugais ont bonne réputation. Cependant ils ne sont pas les seuls. L’Espagne, l’Angleterre, la France et même l’Allemagne ont également leur mot à dire. Peut-être qu’ils ne faisaient pas partie des premiers prétendants à une victoire finale, mais une chose est sûre : le passé parle pour eux.
D’abord opposés à Galatasaray, Schalke et au Lokomotiv Moscou, les jeunes Dragons partent favoris dans leur groupe. Première mission accomplie : ils finissent premiers de leur poule et accèdent donc directement aux huitièmes de finale. On se dit alors que les choses sérieuses vont commencer et que le niveau devrait monter d’un cran. Et finalement, ce sont toujours les joueurs de Mario Silva qui impressionnent. Ils croisent le fer avec Tottenham puis Midtjylland et rejoignent les demi-finales et ainsi la Suisse avec maîtrise et solidité.
Une demi-finale qu’ils domineront sans grande difficulté face à Hoffenheim. Le temps pour eux de penser à la finale et à leur adversaire : Chelsea. Ce même adversaire qui les avait privé de finale la saison dernière.
Que deviennent-ils ?
La suite, tout le monde la connait. Poussé et transcendé par des supporters venus en nombre des quatre coins de l’Europe, le FC Porto n’aura jamais douté dans cette finale et s’imposera avec brio face aux Londoniens de Chelsea. Une première victoire en Youth League qui vient marquer d’une première blanche l’histoire du club et du pays. Mais la véritable victoire, ce n’était pas tant de remporter ce trophée. Oui l’histoire est belle, le parcours caressant la perfection et les prestations plus que jamais abouties. Et la suite ? Car pour beaucoup, cette victoire s’apparentait comme l’éclosion d’une nouvelle génération, comme la genèse de l’avenir du club.
Mais la réalité est autre. Le début de cette saison annonçait un vent de fraîcheur au niveau de l’équipe principale des pensionnaires du Dragão. Fabio Silva, Romario Baro, Tomas Esteves et Diogo Queiros intégraient l’effectif de l’équipe première et rejoignaient Diogo Leite et Diogo Costa déjà intégrés depuis une saison. Une intégration minutieuse et méritée, annoncée par le président après la victoire.
Qu’en est-il alors ? Partons depuis les postes les plus reculés. Diogo Costa qui a fait le voyage pour la finale effectue sa deuxième saison avec l’équipe première, quelques matchs de coupe par-ci par-là, mais il reste le second choix au poste de gardien de but. Diogo Queiros a réalisé la pré-saison avec le club mais s’est envolé, en prêt, du côté de Mouscron. Son compatriote de toujours, Diogo Leite, en est aussi à sa deuxième saison chez les professionnels. Quatrième dans la hiérarchie des défenseurs centraux, sa situation commence à peser. Tomas Esteves, à tout juste 17 ans, a réalisé une pré-saison très convaincante. Depuis ? Il enchaîne avec l’équipe B et aidait occasionnellement les U19 en Youth League. Le milieu de terrain Romario Baro est le seul joueur qui a su tirer son épingle du jeu. Très vite intégré, non seulement dans l’effectif mais aussi dans le 11 de Conceição, il a connu une blessure assez importante pour l’éloigner des terrains pendant de longues semaines. Quant à Fabio Silva, considéré comme le joyau de cette nouvelle vague, il enchaîne les fins de match en championnat et se voit accorder du temps de jeu plus important lors des matchs de coupes. A cela s’ajoute l’intégration de Vitor Ferreira à la mi-saison, peut-être surprenante mais plus que réussie.
Pour les autres joueurs, ils ont, pour la quasi-majorité d’entre eux, intégré l’effectif de l’équipe B, qui évolue au deuxième échelon national. Le jeune Fabio Vieira devrait intégrer l’effectif de l’équipe première la saison prochaine et pourrait être accompagné d’Afonso Sousa. Voilà le bilan, un an après, des différents jeunes qui sont entrés dans l’histoire du FC Porto. Un bilan qui divise énormément. Mais pourquoi ?
Une confiance pas encore totale
Parce que du côté de Porto, on s’attendait à ce que ces jeunes joueurs prennent une place plus importante dans l’effectif. Plutôt que des bribes de matchs, les promesses faites en début de saison résonnaient comme un tournant, celui tant attendu. Parce qu’à l’heure actuelle, l’opinion générale estime que la confiance n’est pas assez présente envers les jeunes. Pour certains, l’intégration est réussie, pour d’autres ce n’est pas suffisant. Le débat est toujours ouvert.
Qu’est-ce qui traduit ce manque de confiance ? Du côté des Dragons, on cible certaines décisions sportives. On pointe du doigt le retour d’Ivan Marcano, notamment. Parti un an auparavant du côté de l’AS Roma, librement, il revient du côté de Porto, à 32 ans et avec un contrat de 4 ans à la clé. Sans parler du montant du transfert. Une décision qui remet en doute la confiance donnée quelques mois plus tôt. Sans compter le cas Diogo Costa qui intrigue aussi. Assurément prêt pour tenir les cages des bleus et blancs, c’est son ascension qui semble avoir stagné avec l’arrivée de Marchesin l’été dernier. Le poste de latéral droit suggère également une certaine incompréhension. Avec des prestations plus que limites, si ce n’est inquiétantes, de Saravia et Manafa, on se questionne sur la non-présence de Tomas Esteves parmi les choix d’autant plus que le poste est actuellement occupé, et bien occupé, par Jesus Corona.
Des décisions qui, malgré la gestion générale, tendent vers l’insatisfaction. Un mal récurrent cette saison, mais pas seulement. Ces dernières années, rares sont les intégrations réussies et de manière immédiate au sein de l’équipe principale. Le saut est-il trop grand ? La transition si compliquée ? Le fait est que beaucoup de questions se soulèvent et que beaucoup d’hypothèses émanent d’un peu partout.
Toutefois, au vue de l’état actuel de la situation sanitaire mondiale et de la situation du football dans son intégralité, le FC Porto, ainsi que les autres clubs portugais, sont plus que jamais obligés de travailler sur la formation. On peut s’attendre donc à un regain de confiance envers les jeunes. Et même si cette confiance semble contrainte par la situation actuelle, un virage important se prépare. Un virage que le FC Porto ne peut se permettre de rater.
Crédit photo : IconSport