SL Benfica : Luis Filipe Vieira est-il vraiment encore intouchable ?

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Alors que dans un mois auront lieu les élections pour la présidence du SL Benfica, la place de Luis Filipe Vieira semble de plus en plus menacée, malgré le soutien politique dont il bénéficie.

« Vieira rua. » Voilà des inscriptions qu’il était possible de lire il y a encore quelques mois, dans les rues de Lisbonne. Loin de faire l’unanimité auprès des supporters de Benfica, le président historique du club depuis 2003, Luis Filipe Vieira, a cependant décidé de se re-présenter pour les élections, qui animent actuellement les journaux portugais et qui auront lieu le mois prochain.

Le marché des transferts comme stratégie principale

Et pour celui qu’on surnomme régulièrement « LFV », la stratégie pour augmenter ses chances d’être réélu est simple : donner aux supporters ce qu’ils veulent, à savoir, une grande équipe. Et l’homme d’affaire de 71 ans compte bien profiter de son avantage d’être le président actuel du club pour convaincre son monde, et récupérer quelques votes. Pour ce faire, Luis Filipe Vieira n’a pas hésité à affirmer ses ambitions pour le club tout au long de l’été, notamment sur le plan sportif, où il a soutenu un mercato historique pour Benfica, récupérant ainsi l’entraîneur star Jorge Jesus, ainsi que 7 nouveaux joueurs pour près de 80 millions d’euros dépensés. Parce que oui, outre leur apport non-négligeable sur le plan sportif, Jan Vertonghen, Everton Soares et autres Darwin Nunez ont surtout consisté à représenter de réels arguments politiques à mettre au crédit du président sortant.

Un soutien politique non-négligeable

Mais au-delà de cette stratégie agressive sur le marché des transferts, Luis Filipe Vieira bénéficie également d’autres arguments, et pas des moindres. Antonio Costa, actuel Premier Ministre portugais, a accepté de faire partie du comité d’honneur de la candidature de Luis Filipe Vieira. Oui, oui, vous avez bien lu. Le premier ministre du pays, qui affirme son soutien de façon officielle, à un candidat à la présidence d’un club de football. Vous vous en serez douté, cela a forcément fait couler beaucoup d’encre au Portugal. D’ailleurs, Pinto da Costa, le président du club rival, le FC Porto, s’est exprimé à ce sujet, mettant en évidence l’intérêt politique qui a incité le Premier Ministre à faire ce choix. « Je comprends car cela lui donnera de la popularité, sachant que Luís Filipe Vieira sera évidemment réélu, plus que pour ses mérites, en raison du manque de qualité des opposants« , a lâché celui qui a déjà été réélu cette saison, dans le Nord du Portugal.

Les opposants, parlons-en. Ils sont au nombre de quatre, ce qui constitue un record dans l’histoire des élections depuis l’arrivée de Luis Filipe Vieira à la présidence de Benfica, en 2003. Leurs noms : João Noronha Lopes, Rui Gomes da Silva, Francisco Mourão Benitez et Bruno Costa Carvalho.

João Noronha Lopes, principal outsider ?

Parmi eux, le premier cité, João Noronha Lopes, semble être le plus à même de rivaliser avec LFV. D’ailleurs, de nombreuses voix semblent s’élever, ces derniers temps, pour évoquer l’idée que le mépris exprimé par le président de Porto concernant les opposants de Luis Filipe Vieira seraient, en réalité, une façon subtile de décrédibiliser João Noronha Lopes dont la candidature pourrait susciter un début de crainte dans le camp adverse.

Et s’il n’a ni le soutien des clubs rivaux, ni celui de son Premier Ministre, João Noronha Lopes peut cependant compter sur bon nombre de supporters du club, présents notamment sur les réseaux sociaux, ainsi que sur plusieurs figures historiques du club. José Ribeiro e Castro, ancien vice-président de Benfica entre 1997 et 1998 devenu, par la suite, député européen, a affirmé publiquement son soutien au candidat de 54 ans. « Quand on voit un candidat comme João Noronha Lopes se présenter, il ne faut pas rater cette occasion. Sa sincérité et son amour pour le club sont incontestables. Il a réalisé une belle carrière de gestionnaire. Il a de l’expérience, et beaucoup de compétences. En plus, il a une vision stratégique. Il s’exprime bien, et aime les socios. Il n’a pas besoin de Benfica pour vivre, il veut donner sa vie pour aider Benfica », avait-il déclaré au sujet du candidat en question.

L’idée d’une candidature unique

Dans cette course à la présidence, João Noronha Lopes apparaît donc comme le représentant du renouveau, de la démocratie, de la transparence et de la proximité avec le supporters. Mais est-ce vraiment suffisant pour rivaliser avec l’expérience, la malice et le réseau de Luis Filipe Vieira ?

Pour l’un des trois autres candidats, Bruno Costa Carvalho, il n’en est pas question. D’après cet homme politique de 64 ans, qui avait déjà essuyé un premier échec face à Luis Filipe Vieira en 2009, le fait de compter pas moins de cinq candidatures avantagerait forcément le président sortant. Bruno Costa Carvalho serait, ainsi, favorable à une candidature unique qui lierait les idées communes des quatre candidats outsiders, dans l’idée de faire tomber la suprématie instaurée par Luis Filipe Vieira depuis près de 20 ans. « Je suggère qu’il y ait une réunion entre moi-même, João Noronha Lopes, Rui Gomes da Silva et Francisco Mourão Benitez, afin de pouvoir évaluer s’il y a des points de contact entre nous et s’il est possible de présenter une candidature unique. Au-delà des égos de chacun, je m’intéresse aux projets et à l’avenir de Benfica », avait-il déclaré sur son compte Facebook, le mois dernier.

Quel que soit le verdict rendu par ces élections, celles-ci créeront des heureux, et des déçus. Peut-être même qu’après un mercato historique effectué, certes, sous le signe de la politique, les supporters de Benfica assisteront à un changement de paradigme à grande échelle, qui pourrait donner un tout nouveau visage au club lisboète.

Crédit photo : IconSport