“Ma dernière Coupe du Monde ? C’est moi qui vais décider de tout ça. Si j’ai envie de jouer plus longtemps, je le ferai”, déclarait Cristiano Ronaldo cette semaine, en conférence de presse. Si le capitaine de la Seleção prend un malin plaisir à laisser planer le doute concernant la fin de sa carrière internationale, le meilleur buteur de l’histoire du football a conscience qu’il devra, un jour, arrêter de défier la science et passer le relai à une nouvelle génération. Il en va de même pour plusieurs de ses compatriotes qui ont également remporté le premier titre historique du Portugal il y a maintenant 6 ans. Etat des lieux d’une Seleção vieillissante qui devra, tôt ou tard, être amenée à se renouveler.
Ils font partie des meubles
Lors de sa dernière convocation, Fernando Santos a convoqué pas moins de 11 des 23 qui ont permis au Portugal de décrocher l’Euro en 2016. Parmi eux, Rui Patricio (34 ans), João Moutinho (35 ans), Cristiano Ronaldo (37 ans), José Fonte (38 ans) ou encore Pepe (39 ans) ont tous déjà fêté leur 34e anniversaire, ce qui constitue un âge relativement avancé pour un footballeur au plus haut-niveau. Et s’ils parviennent encore à nous surprendre en enchaînant des performances souvent convaincantes malgré les années qui passent, ces quelques éléments clés de la Seleção voient cependant la fin de leur carrière respective se rapprocher à grands pas. Fernando Santos n’aura donc pas le choix que d’entamer un renouveau. Si l’urgence du dernier rassemblement, qui pouvait lui coûter sa place en cas de non-qualification de la Seleção, l’a incité à miser sur des valeurs sûres, le sélectionneur portugais se retrouve désormais dans l’obligation d’avoir une vision à moyen, voire à long terme avec son groupe, qu’il est contractuellement censé diriger jusqu’en 2024.
Un renouveau déjà entamé ?
Outre la qualification de la Seleção pour la phase finale de la Coupe du Monde 2022, les observateurs ont pu tirer quelques légers enseignements du dernier rassemblement. Tout d’abord, le plus flagrant, c’est le passage de témoin auquel nous avons assisté entre Rui Patricio, fidèle aux buts de la Seleção depuis 2011, et le tout jeune Diogo Costa, âgé d’à peine 22 ans. Auteur d’une très bonne saison pour sa première en temps que titulaire avec le FC Porto, le natif de Rothrist, en Suisse, semble avoir réalisé un grand bond dans la hiérarchie, et devrait ainsi être reconduit dès les prochaines rencontres internationales. Evolution plus ou moins similaire pour Nuno Mendes, dont la concurrence avec Raphaël Guerreiro pour le poste de latéral gauche fait débat au Portugal. Sur le banc au coup d’envoi du match contre la Turquie, le jeune joueur du Paris Saint-Germain (19 ans) a débuté le suivant en tant que titulaire face à la Macédoine du Nord et a, semble-t-il, marqué des points aux yeux de son sélectionneur.
Fernando Santos a également profité des derniers rassemblements pour intégrer des éléments plus jeunes à son groupe, comme Rafael Leão (22 ans), ou plus récemment Vitinha (21 ans), qui a d’ailleurs fait sa première apparition en sélection face à la Macédoine. Egalement convoqués, Tiago Djalo (21 ans) et Gonçalo Inacio (20 ans) n’ont cependant pas eu l’opportunité de s’exprimer sur le pré. Des jeunes visages, qui s’ajoutent à ceux de João Félix (22 ans) et de Diogo Dalot (23 ans), qui commencent à devenir des joueurs régulièrement appelés pour représenter l’équipe première portugaise.
Apprendre à se passer des indispensables
Il est donc peut-être là, le principal chantier de Fernando Santos. Alors que l’Ingénieur ne cesse d’apporter des modifications pour trouver son système préférentiel, le sélectionneur portugais devrait probablement chercher à placer petit à petit ces nouveaux visages dans son onze, afin de préparer l’avenir prometteur d’une nation récemment finaliste de l’Euro Espoirs. Après la passation de pouvoir entre Diogo Costa et Rui Patricio, il semblerait que Fernando Santos ait tout intérêt à appliquer ce processus à d’autres postes et intégrer, petit à petit, des joueurs comme Gonçalo Inacio pour préparer la succession de Pepe, ou comme Vitinha, pour prendre la relève de João Moutinho. Dans une logique d’évolution qui semble indispensable d’adopter à l’heure actuelle, faire de Danilo Pereira, milieu de terrain de formation, ou de José Fonte l’option préférentielle pour suppléer l’un des deux membres de la charnière Pepe – Ruben Dias paraît peu opportun. Il en va de même pour le très bon mais vieillissant João Moutinho, que Fernando Santos préfère, pour l’heure, doubler par William Carvalho, qui fêtera son trentième anniversaire cette semaine. Offensivement, Fernando Santos semble avoir tout intérêt à donner davantage de temps de jeu à des jeunes joueurs comme João Félix ou Rafael Leão, qui seront probablement amenés à porter l’attaque de la Seleção quand son capitaine historique devra raccrocher les crampons.
Désormais sorti de l’urgence avec cette qualification acquise face à la Turquie et la Macédoine du Nord, Fernando Santos dispose donc d’un matelas plus confortable pour mettre en place cette mutation entre la génération Euro 2016, qu’il a récemment qualifié de “seule génération dorée de l’histoire du Portugal”, et cette nouvelle génération qui a le potentiel pour porter la Seleção encore plus haut que la précédente.
Crédit photo : IconSport
Alexandre Ribeiro a lancé le site Trivela.fr en 2019 et le dirige aujourd’hui aux côtés de ses collaborateurs. Passionné par le football portugais dans son ensemble, et notamment par l’équipe nationale portugaise, c’est avec toute son énergie et son implication qu’il fait vivre ce média de façon quotidienne.