Benfica, le regard tourné vers le nord de l’Europe ?

A travers ses deux dernières recrues, le SL Benfica s’est affirmé comme l’un des nouveaux acteurs du marché des jeunes joueurs issus d’Europe du Nord.

Ce sont potentiellement deux gros coups qu’ont réalisé les dirigeants du SL Benfica ces derniers jours, avec les achats de Casper Tengstedt et d’Andreas Schjelderup. Disposant d’un quatuor offensif plutôt efficace, mais d’une profondeur de banc jugée trop mince par rapport aux nombre d’échéances à disputer d’ici la fin de la saison, les Portugais ont donc mis la main à la poche afin de s’offrir les deux grands espoirs pour un peu plus de 15 millions d’euros. Deux joueurs relativement jeunes, âgés de 22 et de 18 ans, qui viennent tous deux des championnats nordiques, desquels le SL Benfica pourrait être amené à se rapprocher dans les prochains mois.

Casper Tengstedt et Andreas Schjelderup au Benfica

Le premier a 22 ans, le second 18, et les deux ont eu le mérite de s’être particulièrement démarqué au cours des derniers mois. Arrivé cet été à Rosenborg en provenance de l’AC Horsens, dans son Danemark natal, Casper Tengstedt a inscrit pas moins de 15 buts et délivré 9 passes décisives en 14 matchs depuis ses débuts en Norvège. Des statistiques exceptionnelles qui font de lui l’un des buteurs les plus en vue de son pays, malgré les quelques doutes qui persistent encore à son sujet. Rémi, scout qui suit les championnats d’Europe du Nord avec une attention toute particulière, nous a fait part de sa méfiance vis-à-vis de la nouvelle recrue offensive du Benfica : “Sa saison 2021/22 a été plutôt bonne avec 14 buts en seconde division danoise, mais il souffre d’irrégularité et d’un égoïsme prononcés. Rosenborg, qui poursuit sa politique de recrutement assez originale en captant des jeunes joueurs de second plan le fait venir, et là, il étonne tout le monde. Il marque 15 fois en 14 matchs. Coup de chaud énorme, à mettre selon moi sur le coup de la réussite”, nous a confié le scout.

La situation est bien différente pour Andreas Schjelderup. Connu notamment par les amateurs de la saga Football Manager, l’ailier norvégien est considéré comme une véritable pépite depuis de nombreux mois, et semble déjà prêt à passer un cap dans sa jeune carrière. Du haut de ses 18 ans, le natif de Bodo, en Norvège, a étonné tout son monde au cours des derniers mois, en inscrivant 10 buts en 17 rencontres de championnat. “Andreas est un joueur extrêmement mature pour son âge, qui a déjà connu trois saisons en première division danoise. Ses formateurs l’ont toujours soutenu et l’ont fait démarrer sur les terrains de Superliga dès ses 16 ans, chose assez rare, même à Nordsjaelland. De belles promesses et une constante évolution avec comme pic, cette saison 2022/23 où il réussit à marquer contre les gros et à enchaîner les buts. Il a aidé son équipe à se placer en tête du classement, ce qui était impensable en début de saison”, nous indique Rémi, qui collabore notamment avec l’excellent média NordiskFootball.

Benfica – Europe du Nord, rien de nouveau ?

Si ces deux recrues peuvent surprendre, le lien entre les pays nordiques et le SL Benfica n’est pas si nouveau. Les plus anciens se souviennent notamment des deux mandats de l’entraîneur suédois Sven-Göran Eriksson dans les rangs des Aigles (1982-1984 et 1989-1992). L’entraîneur également passé par l’Italie a, entre autres, mené le club portugais jusqu’en finale de la Coupe des clubs champions lors de la saison 1989-1990, aves ses compatriotes Mats Magnusson et Jonas Thern dans l’équipe. Depuis, la Suède a  notamment refait son apparition à Lisbonne, avec le début de carrière du très prometteur Victor Lindelöf, parti rejoindre Manchester United à l’été 2017 après deux saisons passées avec l’équipe première du Benfica.

Et l’ouverture du Benfica vers le Nord de l’Europe ne se limite pas qu’au passages de joueurs nordiques dans les effectifs lisboètes. Ces derniers mois, le club portugais a organisé de nombreux stages à l’étranger, afin d’étendre son savoir-faire en matière de formation. C’est notamment avec la Suède qu’a souhaité travailler la direction du Benfica. En effet, en partenariat avec l’entreprise CoachenEvents, le club a organisé pas moins de trois camps d’entraînement en Suède, afin de permettre à une petite centaine de jeunes suédois et suédoises de bénéficier d’un accompagnement sportif unique, soutenu par des formateurs du club portugais.

Des explications économiques ?

L’arrivée de Roger Schmidt à la tête de l’équipe première du Benfica a entraîné des remous au sein de l’effectif principal du Benfica. Plusieurs joueurs ont ainsi été invités à quitter les rangs lisboètes, remplacés par une petite dizaine de recrues estivales. Et cette fois-ci, plus que jamais, le SL Benfica s’est tourné vers des joueurs issus des pays nordiques. En effet, le Danois Alexander Bah, qui évoluait cependant au Slavia Prague en République Tchèque, ainsi que le Norvégien Fredrik Aursnes qui faisait le bonheur de Feyenoord, ont rejoint l’effectif dirigé par l’entraîneur allemand.

Des choix étonnants pour un club souvent considéré comme l’une des principales terres d’accueil des joueurs sud-américains en Europe. Ne vous méprenez-pas pour autant : en parallèle des recrutements d’Alexander Bah et de Fredrik Aursnes, le SL Benfica n’a pas totalement abandonné ses bonnes vieilles habitudes en Amérique du Sud, comme en témoignent les signatures de João Victor, venu des Corinthians, et d’Enzo Fernandez, arrivé en provenance de River Plate.

Seulement, dans une contexte économique particulièrement complexe, au sein duquel Benfica ne fait plus partie des puissances financières majeures en Europe, il devient de plus en plus difficile de s’affirmer comme l’un des principaux acteurs de ce marché sud-américain, devenu particulièrement concurrentiel. En effet, les clubs les plus puissants d’Europe n’hésitent plus à payer le prix fort pour enrôler les jeunes talents dès leur plus jeune âge, comme en témoigne le transfert d’Endrick, 16 ans, au Real Madrid pour 35 millions d’euros.

C’est un fait : les meilleurs jeunes joueurs sud-américains sont de moins en moins accessibles pour les clubs comme le Benfica, pourtant précurseur et bien réputé sur ce marché. Dans ce contexte, des alternatives doivent être trouvées par les dirigeants lisboètes, afin de continuer d’enrôler des jeunes talents à fort potentiel sans pour autant devoir s’aligner avec les plus grandes puissances du continent. A priori, les championnats nordiques comme l’Eliteserien norvégienne ou la Superligaen danoise, au sein desquelles de nombreuses équipes effectuent un formidable travail autour des plus jeunes joueurs, peuvent ainsi devenir de bonnes opportunités. “Le Danemark et la Norvège possèdent des nouvelles générations fabuleuses et l’intérêt pour des clubs comme Benfica ne va cesser de croître. Il faudra aussi s’intéresser à la Finlande qui tend à s’implémenter de plus en plus dans le paysage footballistique européen grâce au développement de la formation. C’est une région à suivre pour les prochaines décennies”, assure Rémi.

Reste à savoir si les récents recrutements de Casper Tengstedt et d’Andreas Schjelderup vont porter leurs fruits, et ainsi pousser les Lisboètes à poursuivre dans cette voie.

Crédit photo : IconSport

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