Ce lundi, en marge de l’Assemblée Générale du FC Porto, des affrontements ont eu lieu entre les fidèles du club. Mais que s’est-il vraiment passé, et quelles en seront les conséquences ?
“C’est l’un des jours les plus sombres de l’histoire du FC Porto”, a lancé André Villas-Boas sur ses réseaux sociaux ce lundi soir. Présent à l’Assemblée Générale du club, l’ancien entraîneur qui rêve d’entreprendre une carrière de président a été au coeur d’affrontements aussi inédits qu’inévitables. Un événement qui fera date, à quelques mois de la prochaine élection pour la présidence du club.
Un renouveau à l’horizon
L’année 2024 pourrait bien être une année charnière pour l’histoire du FC Porto. Et pour cause, son actuel président, Jorge Nuno Pinto da Costa va, du haut de ses 85 ans, remettre son poste en jeu à l’occasion d’une nouvelle élection. Et si celui qui fait partie des murs du club depuis sa nomination en 1982 disposait jusque-là d’un soutien sans faille, il pourrait cette fois-ci s’opposer à une autre figure du club, en la personne d’André Villas-Boas. L’ex-entraîneur du FC Porto, qui a notamment remporté la Ligue Europa avec la formation basée dans le nord du Portugal, est en effet déterminé à succéder au président octogénaire pour faire entrer son club favori dans une nouvelle ère.
Une très probable candidature “AVB2024” soutenue par bon nombre de supporters du FC Porto, notamment sur les réseaux sociaux. “André Villas-Boas m’a l’air d’être actuellement ce que Pinto da Costa était en 1982 : celui qui aime le club et ne veut que le voir prospérer”, nous a confié Daniel, fidèle supporter du club, avant d’enchaîner : “AVB c’est un gars comme nous, un supporter comme les autres, qui paye les quotas et le lugar anual, il ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. Il est en quelques sortes pour nous ce qu’est Rui Costa à Benfica : un homme du club, qui le supporte depuis toujours.”
Une source de conflit
Mais cet accueil plutôt chaleureux d’une partie du public portiste ne fait pas l’unanimité. Loin de là. Alors que les soutiens à André Villas-Boas sont de plus en plus nombreux, des groupes de supporters, et notamment les Super Dragões, s’opposent fermement à la candidature de l’ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille. Ces derniers parlent même d’ingratitude, au moment d’évoquer l’éventualité d’une offensive d’AVB. “Je pense que les supporters du FC Porto devraient soutenir Pinto da Costa aussi longtemps qu’il sera là, par gratitude, pour tout ce qu’il a donné au club. (…) Nous parlons du meilleur président de l’histoire du football mondial. Je pense qu’il s’agit d’un manque de respect et d’une énorme ingratitude de la part de Villas-Boas”, avait lancé Fernando Madureira, leader emblématique du groupe de supporters en question, dans le podcast Tias do Norte.
Un avis bien tranché, qui a ouvert la porte à une situation plus clivante que jamais au sein du club bleu et blanc. Le mois dernier, André Villas-Boas avait même découvert les murs de sa maison vandalisés, en signe de protestation contre sa volonté de remplacer la légende vivante Pinto da Costa. “AVB traître”, ou encore “AVB ingrat”, pouvions-nous lire sur les murs du domicile du futur candidat. “Soutenir Pinto da Costa n’est évidemment pas un problème, c’est une opinion comme une autre. Mais le faire de cette manière, en disant presque que le fait de ne pas le soutenir, c’est aller à l’encontre du club, ça non. Les initiales du club sont FCP, et ce n’est pas pour Futebol Clube do Pinto da Costa, mais pour Futebol Clube do Porto”, nous a confié Daniel.
Un “lundi noir”
C’est donc dans ce climat relativement tendu que de nombreux socios du FC Porto se sont réunis ce lundi, à l’occasion de l’Assemblée Générale. Celle-ci devait permettre à ces derniers de voter plusieurs lois, concernant notamment les statuts, ou encore la date de la prochaine élection. Initialement prévue pour le mois d’avril 2024, il a notamment été question de décaler cette dernière de quelques semaines.
Et compte tenu du clivage existant actuellement autour du club : cette soirée n’avait que très peu de chances de se dérouler dans le calme et le respect des avis divergents. Au cours de l’Assemblée Générale, des épisodes de violences ont eu lieu entre des socios pro-AVB et des représentants des Super Dragões, parmi lesquels figurait l’inévitable Fernando Madureira. Des scènes d’intimidation, qui ont entraîné le départ précipité de plusieurs socios, venus partager leur volonté d’une nouvelle ère. “Nous avons été forcé de quitter le pavillon parce que nous n’avions pas applaudi Pinto da Costa”, a déclaré un supporter aux journalistes présents sur place.
O momento em que um associado do FC Porto é agredido e retirado do Dragão Caixa após dar a sua opinião pic.twitter.com/mgnUVug5xs
— maisfutebol (@maisfutebol) November 14, 2023
Au coeur de cette séquence, André Villas-Boas a regretté ces scènes de chaos. “C’est l’un des jours les plus sombres de l’histoire du FC Porto”, pouvons-nous lire sur les réseaux sociaux du futur candidat, qui a semblé particulièrement marqué par l’image renvoyée par son club favori ce lundi soir.
Un clivage toujours plus intense ?
Face au climat insoutenable présent au sein de la Dragão Arena ce lundi soir, l’Assemblée Générale a finalement été suspendue. Celle-ci devrait être réorganisée le 20 novembre prochain, et occasionnera une fois de plus, la présence de deux camps qui s’opposent de façon véhémente, au sujet du nom à inscrire sur le prochain bulletin de vote.
Mais alors, que reste-t-il de ce “lundi noir” ? Pour l’heure, il semblerait que celui-ci n’ait fait que renforcer un clivage déjà particulièrement intense, entre des supporters toujours plus déterminés à soutenir sans relâche celui qui tient les cordes depuis maintenant plus de 40 ans, et leurs homologues qui, quant à eux, rêvent de voir leur club favori basculer dans une nouvelle ère. Si la soirée de ce lundi restera gravée comme l’un des événements les plus marquants de l’histoire récente du club, elle pourrait finalement n’être que le point de départ d’une longue période de clivage, potentiellement amenée à s’intensifier au fil des mois, à l’approche d’une élection déjà riche en tension.
Crédit photo : IconSport
Alexandre Ribeiro a lancé le site Trivela.fr en 2019 et le dirige aujourd’hui aux côtés de ses collaborateurs. Passionné par le football portugais dans son ensemble, et notamment par l’équipe nationale portugaise, c’est avec toute son énergie et son implication qu’il fait vivre ce média de façon quotidienne.