Amilcar Silva bonjour, merci d’avoir accepté cette interview. Peux-tu te présenter en quelques lignes, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, en nous précisant ton style de jeu, et éventuellement un joueur qui t’inspire particulièrement à ton poste ?
Bonjour, alors Amilcar Silva j’ai 19 ans, je suis né à Troyes. Je suis latéral gauche à l’AS Monaco, club que j’ai rejoint à l’âge de 5 ans, en novembre 2004. Je suis très fort défensivement, mes principales qualités sont ma vitesse et mon physique, mais j’apporte également beaucoup dans le secteur offensif. En ce moment, le joueur qui m’inspire le plus est Andrew Robertson de Liverpool, que je trouve complet. J’aime son côté guerrier.
Comme tu nous l’a précisé, tu as rejoint l’AS Monaco très jeune. Peux-tu revenir sur ton parcours au sein du club de la principauté ?
J’ai rejoint le club en 2004, puis en septembre 2012, je suis entré au pôle espoir d’Aix en Provence. En février 2013, j’ai signé mon contrat aspirant à Monaco, puis j’ai accédé au centre de formation du club au début de la saison 2014. En juin 2016, je signe un contrat stagiaire professionnel. Deux ans plus tard, en décembre 2018, je fais ma première apparition dans le groupe professionnel de Monaco, à l’occasion du match de Ligue des Champions contre l’Atletico Madrid. Un mois plus tard, je signe mon premier contrat professionnel, près de 15 ans après mon arrivée dans le club.
« Pourquoi pas intégrer la rotation de l’équipe première »
Qu’as-tu ressenti lorsqu’une légende du football comme Thierry Henry te convoque pour être dans le groupe d’un match de Ligue des Champions ?
Sur le coup j’étais choqué, je ne m’y attendais pas du tout. C’est vrai que c’est une légende du football, et c’était assez particulier de l’avoir en tant qu’entraîneur, mais ce n’est qu’un détail, ça ne change rien à ma priorité qui est le travail. Cette première convocation dans le groupe de Monaco a été une source de motivation.
Tu fais actuellement la préparation avec le groupe professionnel de l’AS Monaco. A 19 ans, quelles sont tes ambitions pour la saison à venir ?
Mon objectif est de rester le plus longtemps possible avec l’équipe première pour continuer à progresser, et pourquoi pas intégrer la rotation de l’équipe première.
« Ce qui a tout déclenché, c’est un match de Youth League. »
Tu as la particularité d’être né en France, d’avoir joué en Equipe de France U17, avant de choisir finalement la nationalité sportive portugaise pour jouer avec la Seleção U19. Qu’est ce qui a motivé ce choix ?
J’avais fait une superbe prestation avec l’Equipe de France U17, mais ça a été sans retour, je n’ai plus été appelé par la suite. Ce qui a tout déclenché, c’est un match de Youth League où on a joué à Porto avec les U19 de Monaco. J’avais fait un super match. Après cette rencontre, les dirigeants portugais étaient venus me voir, ils ont demandé à mon père de faire les démarches nécessaires pour obtenir la double nationalité pour pouvoir jouer avec les équipes jeunes portugaises. La semaine d’après, j’étais appelé en Seleção U19. Avant ce match de Youth League, je n’avais jamais eu de contact avec l’équipe nationale du Portugal.
Et comment as-tu vécu cela ? L’idée de jouer pour le Portugal était-elle déjà dans un coin de ta tête ?
La Seleção, c’est un rêve depuis tout petit. J’ai été énormément surpris d’être convoqué en équipe nationale portugaise U19 parce que je fais partie de la génération 1999, qui est une génération dorée au Portugal. Quand je me suis dit que j’allais faire partie de cette équipe, c’était vraiment quelque chose !
« La génération 1999, c’est comme une famille »
Evidemment, nous parlons souvent de cette génération 1999 sur Trivela.fr. Que penses-tu de cette génération, vainqueur de l’Euro U17 puis de l’Euro U19 ? Quels joueurs t’ont le plus impressionné ?
Dans cette équipe, il n’y a que des stars. Il n’y a pas de petits joueurs. Pour être honnête, il y a quelques joueurs qui ont des qualités uniques, qu’ils sont les seuls à avoir. C’est le cas de João Félix par exemple. Il y en a d’autres, évidemment, mais ça serait long de tous les citer.
En parlant de João Félix, tu as joué avec lui lors de ta première sélection avec les U19 du Portugal, contre la Turquie. A l’époque, en janvier 2018, il était loin d’avoir la notoriété qu’il a aujourd’hui. Que peux-tu nous dire sur lui ? Es-tu surpris de son succès si rapide ?
Je ne suis pas du tout surpris. J’ai joué avec d’autres supers joueurs, comme Kylian Mbappé par exemple. Kylian, c’était vraiment un joueur au dessus du lot, mais João Félix c’était du talent pur, tu le sentais dans son touché de balle et sa vision du jeu. Il voyait le jeu avant tout le monde. Je savais qu’il allait devenir un top joueur. Son transfert à 126 millions d’euros fait beaucoup parler mais c’est le football d’aujourd’hui. Il n’y a pas de doute, c’est déjà une star.
Que peux-tu nous dire sur les conditions d’intégration d’un joueur français en équipe nationale portugaise ? As-tu eu des difficultés à t’intégrer ?
Au début c’était dur, je ne parlais pas bien la langue. Heureusement qu’il y avait quelques joueurs qui parlaient français. Sans eux, j’aurais été perdu. Au début, les autres joueurs ne m’intégraient pas forcément dans le groupe parce que je ne parlais pas. Avec mes efforts, ils ont commencé à m’apprécier. A force de rester avec eux, tu apprends vite. La génération 1999 c’est comme une famille, il faut que tu fasses tes preuves pour t’intégrer. Quand ils voient que tu as le niveau et que tu mouilles le maillot, ils te prennent avec toi comme un frère.
« Là-bas, le football est une religion »
Tu as donc joué ton premier match avec la Seleção U19 en janvier 2018 contre la Turquie. Tu nous parlais tout à l’heure d’un rêve d’enfant, qu’as-tu ressenti lorsque tu es entré sur le terrain avec le maillot du Portugal ?
C’était comme dans un rêve, j’avais l’impression d’être dans un film. Je n’avais pas de pression particulière, mais j’étais impatient de montrer ce que je savais faire. L’hymne nationale était la seule chose que je connaissais en portugais, j’étais tellement heureux et fier de le chanter. Toute l’équipe était choquée que je le connaisse par cœur. Ce jour-là, j’ai fait un très bon match, avec notamment une passe décisive à la clé. C’est l’une de mes plus grandes fiertés.
J’imagine que c’était également un moment particulier pour ta famille ? Comment ont-ils vécu ta première sélection avec le Portugal ?
Mon père était présent au stade, c’était une fierté pour lui, et pour toute la famille qui est au pays. Ça m’a fait énormément plaisir. C’est vraiment un bonus extraordinaire pour un footballeur que de jouer pour son pays.
As-tu senti une différence entre le football en France et le football au Portugal ?
Oui, il y a une différence. Au Portugal, j’ai ressenti ce qu’était une vraie équipe, on était une vraie famille avec de vrais frères. Là-bas, le football est une religion et tout le pays est derrière toi. Ce n’est pas le cas en France.
C’est la fin de cet entretien, merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à ces questions. Pour finir, que peux-t-on te souhaiter pour la suite de ta carrière ? As-tu un rêve en particulier ?
Je rêve d’avoir une grande carrière sur le plan national et international. Tu peux me souhaiter de la chance, de la réussite et la santé !