Ce jeudi, Fernando Santos aura l’occasion de fêter sa centième sur le banc portugais face à la République Tchèque.
La Seleção va affronter la République Tchèque dans le cadre des phases de groupe de la Ligue des Nations ce vendredi. Dans ce match déterminant pour la première place du groupe 2 de la Ligue A, avec les deux adversaires à égalité de points, le fait marquant de la soirée sera aussi la présence de Fernando Santos sur le banc de la Seleção pour la centième fois consécutive. Un fait d’autant plus remarquable qu’il n’existe que 23 autres sélectionneurs dans l’histoire du football à avoir atteint ce palier avec une même équipe nationale.
Entre la Grèce et le Portugal
Après une carrière de joueur presque entièrement réalisée à Estoril entre 1973 et 1987, marquée par un court passage au Marítimo lors de la saison 1979/1980, le retraité Fernando Santos se dirige rapidement vers une carrière d’entraineur. Il démarre alors dans son club de toujours, Estoril, en 1987, avant de rejoindre Estrela de Amadora, puis Porto. Dans sa période en club, le natif de Lisbonne aura entrainé les trois grands du Portugal, mais aussi trois des plus grands clubs de Grèce avec l’AEK, la Panathinaïkos et le PAOK, en faisant des aller-retour entre son Portugal natal et la Grèce.
En 2010, son expérience conséquente en Grèce lui vaut le privilège de se voir proposer le poste de sélectionneur de l’équipe nationale grecque. Une opportunité qu’il accepte et qui marque un tournant dans sa carrière, avec cette première aventure en tant que sélectionneur. Il participe ainsi à l’Euro 2012 et à la Coupe du Monde 2014, atteignant respectivement les quarts de finale et les huitièmes de finale : de bons résultats pour l’équipe hellénique. Cependant, avant la Coupe du Monde 2014, il annonce qu’il a l’intention de quitter la sélection après la compétition. Il part donc de la Grèce en 2014 pour succéder à Paulo Bento à la tête de la sélection portugaise.
Sur le banc de la Seleção depuis 2014
Un mois après s’être officiellement engagé avec la Fédération Portugaise, Fernando Santos parvient à se qualifier directement pour l’Euro 2016. Il s’agit de la première fois depuis 8 ans que la Seleção se qualifie pour une compétition majeure sans passer par les barrages. Et c’est justement à l’Euro 2016 que celui que l’on surnomme O Engenheiro (l’ingénieur) entre dans l’histoire de son pays. Il remporte le premier trophée international de la sélection portugaise, à la suite d’un parcours particulier et très critiqué où la Seleção n’a réalisé que des matchs nuls en phase de groupe, et où elle est ensuite allée aux prolongations en huitièmes, aux pénaltys en quarts et une nouvelle fois aux prolongations en finale face à la France, avant de soulever la coupe.
Après cet exploit, le Portugal participe à la Coupe des Confédérations en 2017 pour la première fois de son histoire, finissant 3e de la compétition. Pour la Coupe du Monde 2018, le Portugal parvient une nouvelle fois à se qualifier directement, mais arrivée en Russie, la Seleção réalise un parcours décevant et s’arrête en huitièmes face à l’Uruguay, malgré un effectif solide sur le papier. L’année suivante, le Portugal parvient à atteindre le Final Four de la toute nouvelle Ligue des Nations, et devient le premier vainqueur de cette compétition grâce à une victoire face aux Pays-Bas en finale. Fernando Santos parvient ainsi à inscrire un peu plus son nom dans l’histoire de la Seleção avec ce deuxième trophée.
Prolongé jusqu’en 2024, le sélectionneur de 67 ans parvient ensuite à qualifier les siens pour l’Euro 2020, qui se déroule finalement à l’été 2021. Tombé dans le « groupe de la mort » avec la France, l’Allemagne et la Hongrie, le Portugal parvient à s’en extirper en se hissant parmi les meilleurs troisièmes. Il tombe finalement lors des huitièmes de final, face à la Belgique, dans un match où les Portugais ont été dominateurs mais inefficaces devant le but. Le dernier évènement marquant de Fernando Santos est évidemment la qualification de la Seleção à la Coupe du Monde 2022, en retrouvant tout de même de mauvaises habitudes, avec un passage par les barrages.
Quel bilan pour Fernando Santos ?
D’un point de vue comptable, sur les 99 matchs passés sur le banc, Fernando Santos affiche un bilan de 61 victoires et 23 matchs nuls pour 15 défaites, au cours desquels 204 buts ont été inscrits et 73 ont été encaissés. Au-delà de ces chiffres, il en existe d’autres biens plus marquants. Lors de sa première compétition internationale avec le Portugal, à savoir l’Euro 2016, le sélectionneur portugais a réussi à ramener le premier trophée de l’histoire de la Seleção, ce qui lui donne une place indélébile dans l’histoire du football portugais. En gagnant la toute première édition de la Ligue des Nations, Fernando Santos a réussi à renforcer ce statut, en s’inscrivant même dans l’histoire du football européen. Après des débuts tonitruants où les résultats étaient au rendez-vous malgré des prestations parfois peu convaincantes, la Seleção affiche cependant un niveau de jeu inférieur à celui que l’on peut attendre d’elle, et des résultats en bernes.
Les dernières apparitions à la Coupe du Monde 2018 et à l’Euro 2021 ont pu laisser un goût amer pour les supporters de la sélection portugaise, et même pour les amateurs de football en général, avec l’impression qu’il y aurait beaucoup mieux à faire avec de telles ressources. En effet, la Seleção possède un vivier de joueur impressionnant, avec peut-être la meilleure génération qu’ait jamais connue le Portugal. Des joueurs de classe mondiale sont présents à tous les postes, composant un effectif équilibré entre la défense, le milieu et l’attaque, mais les résultats manquent et le jeu pratiqué est insuffisant. Pendant longtemps, Fernando Santos a fait confiance aux mêmes joueurs en dépit des performances de certains plus jeunes. Une chose qui semble cependant être en train de changer peu à peu, avec notamment l’intronisation récente de Diogo Costa dans les buts à la place de l’iconique Rui Patricio, mais aussi avec la convocation de Ricardo Horta, de retour après 8 ans sans sélection, et des nouveaux arrivants comme Vitinha ou David Carmo.
Le bilan de Fernando Santos à la tête de la sélection est donc mitigé. S’il est et restera dans l’histoire de la Seleção à tout jamais, il est important pour lui d’apporter un renouveau à cette sélection s’il ne veut pas que son histoire avec la Seleção se termine sur une mauvaise note. En novembre dernier, à la suite de l’échec de la qualification directe pour la Coupe du Monde 2022, la presse portugaise évoquait la possibilité de voir le sélectionneur être démis de ses fonctions par la Fédération Portugaise. Cette hypothèse a été écartée pour le moment, mais une nouvelle performance décevante au Qatar cet hiver pourrait bien sonner la fin de Fernando Santos à la tête de la sélection.
Crédit photo : IconSport
Etudiant en médias et communication dans une grande école, Tristan est rédacteur pour Trivela depuis 2021 et tente chaque semaine de mettre en avant tous les aspects du football portugais.