Florent Houzot, directeur des antennes, des programmes et de la rédaction beIN SPORTS, nous a accordé un entretien exclusif concernant l’acquisition des droits de diffusion du championnat portugais.
Depuis le mois de septembre, les changements sont nombreux concernant le championnat portugais. Après être passé de la Liga Bwin à la Liga Betclic en signant un contrat de naming avec l’entreprise de paris sportifs, le championnat portugais a aussi changé de diffuseur en France. RMC Sport, diffuseur traditionnel depuis 2016, a décidé de ne pas renouveler les droits de diffusion du championnat portugais, en raison notamment d’un changement de ligne éditoriale du diffuseur, désormais davantage porté sur les sports de combats. Après un temps de flottement, c’est finalement beIN SPORTS qui a récupéré les droits du championnat. En exclusivité pour Trivela, Florent Houzot, directeur des antennes, des programmes et de la rédaction beIN SPORTS, a accepté de répondre à nos questions.
Cet été, RMC Sport, diffuseur du championnat portugais en France depuis la création de la chaine en 2016, a décidé de ne pas renouveler son contrat pour la diffusion de la Liga Betclic. Quelle a été la réaction chez beIN SPORTS ? Est-ce que vous étiez déjà intéressé par la diffusion de ce championnat ?
On regarde systématiquement l’ensemble des propriétés et des compétitions qui sont disponibles sur le marché à un temps T et on se pose trois questions. La première : est-ce que ça a du sens pour nos abonnés ? Parce que c’est avant tout pour l’intérêt de nos abonnés que l’on acquiert des compétitions. La deuxième, comment cela va rentrer dans la grille de programmation ? Et la troisième, en termes de business plan, quel est le coût en rapport avec le nombre d’abonnés qu’on va pouvoir aller recruter ? Cette réflexion se fait de façon un peu générique, ce sont les questions que l’on se pose pour l’ensemble des droits qui sont sur le marché.
Par rapport à votre question sur le championnat portugais, évidemment que lorsque vous êtes une chaine premium de sport installée sur le marché français depuis 2012, tous les championnats et les compétitions de football, qu’elles soient domestiques, européennes, ou internationales, intéressent beIN SPORTS. On l’a montré depuis la création de la chaine, il y a des compétitions que l’on a depuis le début, certaines acquises en cours de cycle et d’autres que l’on a perdu entre-temps, puis récupéré ou non. C’est un peu le jeu des droits TV, ça bouge tout le temps et tous les ans. Tous les trois mois, tous les six mois, il y a une propriété ou un droit qu’on doit regarder.
Le football portugais est évidemment un championnat qui a du sens pour beIN SPORTS. On diffuse régulièrement les clubs portugais en Champions League les mardis et mercredis. Le week-end, on diffuse des matchs de joueurs portugais qui évoluent dans des championnats européens, mais il y a aussi des joueurs qui évoluaient dans les tops clubs européens qui ont rejoint le Portugal. C’est un peu à l’image de ce que l’on a depuis un peu plus de temps avec la Süper Lig turque. Il y a aussi l’aspect « communauté » : en France, il y a évidemment une communauté portugaise importante qui s’intéresse à ce championnat.
Aujourd’hui, en termes de droits, nous diffusons l’intégralité de la Serie A, la Bundesliga ou LaLiga mais ce n’était pas toujours le cas puisque pendant plusieurs saisons, la Série A et la Bundesliga étaient partagées avec Canal +. Aujourd’hui sur la ligue portugaise, nous diffusons les quatre gros clubs, Benfica, Sporting, Porto et Braga, et qui d’ailleurs luttent en tête du championnat avec à peine deux points d’écarts. Donc évidemment, toutes les semaines, les fans de ces clubs-là ont la chance de retrouver leurs matchs sur beIN SPORTS 1, 2 ou 3, ou les canaux Max. Le week-end, et tant mieux pour les abonnés, il y a embouteillage car l’ensemble de nos trois chaines et des sept canaux évènementiel beIN SPORTS Max sont pleins.
Pour rebondir sur le sujet des quatre grosses équipes au Portugal, pourquoi avoir acquis les droits de diffusion de ces quatre équipes et non de l’entièreté du championnat ?
Comme je vous le dis, aujourd’hui les acquisitions se font au fur et à mesure. Et en ayant répondu aux trois questions qu’on se pose systématiquement, le volume du championnat portugais était compliqué à programmer et à assumer. En général et dans la mesure du possible, on essaye de respecter nos engagements, ce que l’on fait dans 99,9% des cas, à la fois vis-à-vis des ayants droits, mais aussi vis-à-vis des abonnés. Si vous dites qu’on a 100% et que vous n’êtes pas en mesure de les diffuser, ça n’a pas de sens.
Sur les championnats allemand, italien ou espagnol, ça nous arrive parfois, en fonction de certains week-end, d’avoir du mal à tout caler. Nous n’étions pas en mesure, pour cette première saison du contrat, d’avoir une programmation qui allait au-delà des plus grosses équipes portugaises. Et d’ailleurs, pour être tout à fait honnête et transparent, au début nous étions partis sur trois clubs et nous avons rajouté un quatrième dans nos possibilités de diffusion avec Braga. On est donc passé à quatre matchs par week-end et nous essayons de tenir ce rythme. Les saisons suivantes, puisque nous avons les droits du championnat portugais pour plusieurs saisons, nous verrons bien ce que nous pourrons faire.
Justement, par rapport à l’acquisition des droits, RMC sport annonce sa décision le 3 août, à une semaine de la reprise du championnat, et Bein Sports a annoncé l’obtention des droits de diffusion le 29 septembre, le jour du Classico entre Benfica et Porto. Que s’est-il passé entre début août et fin septembre chez beIN SPORTS ?
Il y a des discussions, des transactions. La date que vous évoquez par rapport à RMC, je ne l’ai pas en tête, mais je sais qu’effectivement il y a eu un petit laps de temps : un temps de discussion et de négociation, notamment avec l’agence et la Liga Portugal qui devait passer chez un autre diffuseur. Et puis le championnat a repris au cours du mois d’août, et nous avions raté cette reprise symbolique du championnat. Mais pour nous, en termes de diffusion, il y a aussi une deuxième reprise du championnat. Au mois d’août, c’est un peu les vacances et vous avez, en septembre, une première trêve internationale. C’était donc l’occasion de faire un redémarrage. Ça tombait très bien pour nous parce qu’il y avait un Classico au moment où nous avons acquis les droits. D’ailleurs, l’acquisition s’est faite vraiment au dernier moment puisque, de mémoire, nous avons annoncé le jour-même la diffusion du Classico, qui avait lieu un vendredi soir sur les antennes de beIN SPORTS.
On sait que la Liga Portugal est parfois critiquée par les clubs. Comment, d’un point de vue commercial, les négociations se sont-elles passées avec cette entité ?
Sans entrer dans le détail, les négociations se déroulent souvent avec une agence. La Ligue portugaise met elle-même ses droits au domestique, c’est-à-dire sur le territoire portugais, un peu comme la LFP en France qui discute directement avec le marché français. Souvent pour l’étranger, les Ligues demandent à des agences de commercialiser leurs droits, ce qui était le cas pour la Ligue portugaise.
On met souvent en avant le fait qu’on soit évidemment la chaîne du football en France, de la quantité mais aussi de la qualité. Quand vous diffusez les deux plus belles affiches de Ligue 2, l’intégralité de la Liga, de la Bundesliga, de la Serie A, la Liga Betclic, les affiches de Champions League, la Carabao Cup et la FA Cup, ou encore la Coupe de France mais aussi la CAN en janvier… Vous voyez, nous sommes la chaîne du football, et c’est ça que l’on met en avant aussi dans les discussions que l’on peut avoir avec une agence ou avec la Ligue portugaise directement. On leut dit : « Votre championnat ne peut pas être mieux exposé que sur beIN SPORTS en France, parce que les fans de football sont là ».
Quand nous réfléchissons à une acquisition, on se demande : « est-ce que cette compétition va potentiellement nous apporter de nouveaux abonnés ? ». La réponse ici est oui car beaucoup vont être attirés par la chaîne à travers cette acquisition. Mais aussi, pour l’ensemble des abonnés que l’on a déjà pour le foot, et ils sont nombreux. Avec de nouvelles acquisitions, vous augmentez la satisfaction de ces abonnés. Potentiellement, un abonné qui va s’intéresser au football dans son ensemble ne va pas regarder les quatre affiches de Liga Betclic tous les week-ends, mais pour un derby ou une belle affiche le lundi soir, il va profiter de son abonnement et cela contribue à augmenter la note de satisfaction de cet abonné. C’est aussi cela que l’on recherche.
En l’occurrence, pour la Ligue portugaise et pour l’agence avec qui nous discutions, ce sont vraiment ces éléments qui ont été importants pour nous, plus que le montant des droits que je ne dévoilerai évidemment pas ici, parce qu’il est protégé par des clauses de confidentialité. Mais pour vous donner une idée, c’est plutôt la valeur et la richesse du catalogue de beIN SPORTS, de ses abonnés, de sa puissance sur les réseaux sociaux et de notre engagement de diffusion qui a pesé, en disant que tous les week-ends, vous aurez les quatre affiches qui seront programmées sur beIN SPORTS.
Au niveau des premières audiences, sont-elles satisfaisantes ?
En termes d’audiences, nous ne sommes pas mesurés de façon quotidienne comme les chaînes TNT. Là, typiquement, ça m’aurait intéressé d’avoir les chiffres d’hier (lundi). Nous avons diffusé pendant une heure et demie le tirage au sort des 32e de Coupe de France masculine et des 16e de Coupe de France féminine, et il y a un tel engouement là-dessus de la part des clubs amateurs et professionnels que cela m’aurait intéressé d’avoir les audiences. Malheureusement, nous ne les avons que sur des vagues thématiques, sur des périodes de six mois. Donc nous les aurons plus tard, et nous aurons évidemment un focus sur les affiches portugaises. Malgré tout, nous n’avons pas d’objectif d’audience. Notre objectif, c’est de satisfaire nos abonnées et d’aller en recruter de nouveaux qui, comme vous, s’intéressent au football portugais. Et on le sait à travers nos études, il y a une forte communauté qui s’intéresse à la Liga Betclic.
Avez-vous d’autres choses prévues autour de la Liga Betclic, en termes de contenus ou d’affiches ?
Tout va se faire au fur et à mesure. Déjà, l’ensemble des championnats sont traités à travers des focus dans l’émission du dimanche soir avec Thomas Thouroude, dans Club beIN Europe, et sur les réseaux sociaux. Maintenant, si la programmation le permet et que nous sommes en mesure de proposer un dispositif comme on le fait avec Thomas Thouroude, en bord terrain sur un gros match, avec un Classico ou une fin de championnat un peu indécise, nous irons bien évidemment sur les terrains portugais parce que c’est aussi ce qui est intéressant pour nous. C’est de proposer à nos abonnés l’ensemble de ces championnats à travers un certain regard parce que nous, beIN SPORTS, c’est être au cœur du sport. On l’a fait par le passé quand nous avons acquis les droits du championnat turc, ça nous est arrivé de faire des derbys à Istanbul. On le fait en Espagne, en Italie, en Allemagne, et bien sûr que cette saison, ou potentiellement au cours des saisons prochaines, on sera amené à aller faire une belle couverture autour d’une affiche portugaise.
Crédit photo : IconSport
Etudiant en médias et communication dans une grande école, Tristan est rédacteur pour Trivela depuis 2021 et tente chaque semaine de mettre en avant tous les aspects du football portugais.
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