Boavista FC : Luis Campos, la jeunesse et le beau jeu au cœur du projet

Boavista

Quelques jours après la surprenante victoire de Boavista à domicile contre Benfica, revenons sur le nouveau projet particulièrement ambitieux de ce club historique.

Ah ça, ils ont fait fort. Ce lundi soir, à l’occasion de la sixième journée de Liga NOS, les Axadrezados de Boavista se sont largement imposés face à Benfica au terme d’une impressionnante prestation collective (3-0). Si cette soirée parfaite signe la première victoire de la saison du club basé à Porto, elle marque également le début d’un nouveau projet ambitieux et attrayant, piloté notamment par l’expérimenté Luis Campos.

Gérard Lopez aux commandes

Prenons ce projet à sa racine. En juillet 2020, alors que la première division portugaise vient de reprendre son activité après une trêve imposée par la pandémie de Covid-19, le richissime homme d’affaire hispano-luxembourgeois Gérard Lopez annonce ses intentions de racheter le Boavista FC. Et c’est sans grande surprise que, trois mois plus tard, les actionnaires du club ont accepté le transfert des parts de la SAD à la société de l’entrepreneur de 48 ans par 299 voix et 9 abstentions.

Sauf que, lorsqu’on parle de football et de Gérard Lopez, il est difficile de ne pas penser au Lille OSC, que préside et détient l’homme d’affaire depuis 2017. Alors, le mythique club de Boavista deviendrait-il un simple club passerelle de l’ambitieux projet lillois, visant à valoriser des actifs pour les envoyer, par la suite, dans le nord de la France ? A priori, pas du tout.

Totalement indépendant du projet lillois

Un chamboulement. C’est ce que le rachat de Gérard Lopez a entraîné dans le club portugais. Le mois dernier, celui-ci nomme officiellement Admar Lopes, alors recruteur en chef du LOSC et très proche du directeur sportif lillois Luis Campos, au poste de directeur général.

Cependant, dans une interview accordée à Record, celui qui est considéré comme l’un des meilleurs recruteurs du monde a tenu, dès sa prise de fonction, à affirmer que son nouveau club « n’était pas lié à Lille. » Et si les prêts des joueurs lillois Show, Angel Gomes et Leo Jardim à Boavista viennent quelque peu contredire ce propos, Admar Lopes a assuré que le club basé à Porto « est et sera toujours autonome, avec un projet totalement indépendant », bien qu’il reconnaissait des similitudes dans « les idées et les méthodes qui ont été appliquées » par ses soins et ceux de Luis Campos dans le club lillois ces dernières années. Le nouveau directeur général de Boavista a également expliqué qu’il « travaillait pour créer des bases pour avoir un futur rempli de succès sportif. »

Le beau jeu au centre des attentions

Parce que oui, si le trading de joueur s’impose comme une nécessité en raison de la réalité économique des clubs du football portugais, qui sont, pour la plupart, obligés de recevoir plus que ce qu’ils dépensent pour survivre, la réussite sportive reste la base du nouveau projet de Boavista.

Et pour symboliser cela, Admar Lopes et Luis Campos ont décidé de nommer Vasco Seabra au poste d’entraîneur de l’équipe principale. Passé notamment par Paços de Ferreira et par Mafra, en deuxième division, cet entraîneur de 37 ans, adepte du beau jeu et connu notamment pour sa réticence à l’idée de renier ses principes face à l’adversité, a, d’après Admar Lopes, été choisi pour « créer et définir un style de jeu propre à l’identité du club », avec le spectacle et la soif de victoires comme conditions sine qua none. Une ambition sportive, qui coïncide également avec le projet économique clairement assumé, qui consiste à valoriser les actifs du club. « Comment pouvez-vous valoriser les joueurs, les entraîneurs et, finalement, le club lui-même si nous ne sommes pas en mesure de présenter un football passionnant à nos fans ? », se questionnait Admar Lopes dans les colonnes de Record, le mois dernier.

Un recrutement XXL

Et comment passe-t-on d’une équipe « moyenne » de Liga NOS, classée douzième lors du dernier exercice, à un projet sportif si ambitieux ? Là aussi, la réponse est la même : le chamboulement. On repart à 0. Ou presque. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, seuls cinq joueurs de l’effectif actuel de Boavista, à savoir Bracali, Reisinho, Sauer, Paulinho et Yusupha étaient déjà présents la saison dernière. Cet été, le club basé à Porto n’a pas hésité à se passer de plusieurs de ses cadres, comme Carraça (FC Porto) ou Helton Leite (SL Benfica), afin de faciliter une vague d’arrivées massive. Au total, 20 joueurs ont signé, cet été, en faveur de Boavista.

Si la plupart de ces recrues sont arrivées sous forme de prêts, tous ont été ciblés dans le but de répondre à des besoins bien précis, comme le rappelle Admar Lopes. « Les plus jeunes joueurs ont été choisis pour leur compétence et leur qualité sportive sur la base d’une stratégie globale de repérage qui a déjà montré d’excellents résultats par le passé, non seulement à Lille, mais aussi à Monaco, a expliqué le directeur général du club, avant de poursuivre : Après cela, il a également fallu comprendre si ces joueurs s’inscrivaient dans le L’ADN et la culture de Boavista, et pour cela nous avons analysé le profil psychologique de tous les athlètes qui composent actuellement notre effectif. Nous embauchons des joueurs de qualité, mais aussi et surtout des joueurs qui partagent les valeurs du club : le dynamisme, la détermination, le dépassement et la frustration de l’échec.« 

Des profils variés

Intéressons-nous maintenant au profil de ces recrues. Des jeunes joueurs, beaucoup de jeunes joueurs, encadrés par les deux vétérans Adil Rami et Javi Garcia, arrivés libres cet été pour apporter leur expérience. Pour le reste, la moyenne d’âge ne dépasse pas les 21 années. Et pourtant. Parmi ces jeunes joueurs, presque tous sont déjà internationaux. C’est notamment le cas d’Alberth Elis, 24 ans, déjà sélectionné à 42 reprises avec le Honduras, de Reggie Cannon, 22 ans et 11 apparitions avec les Etats-Unis, ou encore de Chidozie Awaziem, déjà titularisé à 12 reprises avec le Nigeria, à seulement 23 ans. A noter que les joueurs cités étaient, d’après Admar Lopes, « particulièrement sollicités par des clubs plus puissants financièrement » avant de se laisser tenter par l’aventure portugaise, et le pouvoir de persuasion de l’influent Luis Campos.

Une phase d’adaptation nécessaire ?

Des joueurs habitués aux responsabilités, donc, mais également des issus des quatre coins du monde, avec qui il peut-être délicat de créer une réelle cohésion dès les premiers mois de compétition. Cette diversité, accouplée aux principes de jeu aussi structurés qu’exigeants du romantique Vasco Seabra peuvent, en effet, créer une phase d’adaptation plus ou moins longue, ce qui semble tout à fait normal à l’amorce d’une telle révolution. Ainsi, comme on pouvait s’y attendre, Boavista n’a pas vraiment réalisé le début de saison rêvé, avec seulement trois points glanés sur les cinq premières journées de championnat.

Seulement, ce lundi soir, à l’occasion de la sixième journée de Liga NOS, les hommes de Vasco Seabra se sont largement imposés face à Benfica (3-0), grâce notamment à de superbes prestations des nouveaux arrivants Angel Gomes, Alberth Elis et Yanis Hamache. Avec la manière, donc, et avec le plus jeune onze de départ aligné cette saison pour un club de l’élite du football portugais (21,9 ans). Vous ne vous y trompez pas, vous êtes bel et bien en train d’assister aux débuts de l’un des projets les plus ambitieux et attrayants du football portugais de ces dernières années.

Pour découvrir Vasco Seabra, le nouvel entraîneur de Boavista, nous vous invitons à lire le papier de Remy Martins sur le sujet.

Crédit photo : IconSport