Ce jeudi soir, dans un match riche en émotions, la Seleção s’est imposée sur un score de 3 buts à 1 face à la Turquie. Retour sur les clés du match.
La Seleção a fait le travail. Pour le compte du premier tour des barrages pour la Coupe du Monde 2022, les hommes de Fernando Santos sont parvenus à s’imposer face à la Turquie, ce jeudi soir. Et si le score est, à l’arrivée, plutôt large, les Portugais ont cependant connu des moments de doutes, finalement noyés par d’autres points beaucoup plus positifs.
Bernardo Silva, nouveau Maestro de la Seleção ?
C’était un événement attendu par les observateurs : Bernardo Silva, habituellement placé sur l’aile droite portugaise, s’est retrouvé cette fois-ci en plein cœur du jeu. Un choix qui a offert une dynamique tout autre dans un collectif reposant en grande partie sur ses individualités. Le joueur de Manchester City a ainsi eu l’occasion, à de nombreuses reprises, d’avoir un jeu assez similaire de celui qu’il met en place dans son club, avec une présence forte au milieu de terrain, un jeu porté systématiquement vers l’avant, mais également des efforts défensifs conséquents afin de récupérer le ballon haut pour se projeter par la suite. Un réel atout qui, à deux reprises, était même tout proche d’inscrire un but. En début de match, le Citizen s’est heurté au poteau avant qu’Otávio ne vienne reprendre victorieusement le ballon. En début de seconde période, une deuxième tentative de Bernardo Silva a été repoussée pour le portier turc.
En bref, une grosse dynamique au milieu de terrain, une conduite de balle toujours aussi éblouissante, un pressing intensif payant, faisant du joueur de 27 ans l’un des meilleurs sur le terrain… un maestro.
Otávio, un choix payant
Pas forcément attendu en tant que titulaire, le joueur du FC Porto a probablement été l’homme du match sur cette rencontre. D’abord buteur puis passeur sur le but de Diogo Jota, le milieu de terrain a été remarquable. Connu pour sa grinta, le joueur de 27 ans a été déterminant sur cette rencontre en se montrant agressif sur le porteur du ballon et n’hésitant pas à mener les siens vers l’attaque. Sur le flanc droit, il a été performant et a pu énormément combiner, permettant ainsi à Diogo Dalot, titulaire au poste de latéral, de venir apporter le surnombre et réaliser plusieurs centres dangereux.
Élément clé en club, il a ce jeudi soir, mis tout le monde d’accord, à tel point de faire oublier Renato Sanches, blessé. De par son activité et son agressivité, il a réussi à troubler l’équipe turque, à l’image de son compatriote lillois, notamment lors du dernier Euro. De bon augure pour le joueur Portista qui a marqué de nombreux points à l’occasion de cette rencontre. C’est également le cas de João Moutinho, qui a su équilibrer un milieu de terrain très offensif, en apportant un certain calme et en distribuant le jeu vers l’avant. Du Moutinho dans le texte.
Diogo Costa, un jeu au pied déterminant
C’était un choix fort de la part de Fernando Santos. Rui Patricío, habituellement titulaire, ne faisait pas partie du onze concocté par le sélectionneur. Une décision surprenante, mais qui récompense selon toute vraisemblance une saison aboutie pour le jeune portier du FC Porto, Diogo Costa. Pas réellement inquiété au cours de la rencontre, il est battu devant Burak Yilmaz à la 64e minute, avant que ce dernier ne manque son pénalty sur lequel Diogo Costa était néanmoins parti du bon côté. Cependant, en dehors de ses interventions, le jeu au pied du dernier rempart de la Seleçao s’est montré déterminant. Serein dans ce type de situation, il a permis à plusieurs reprises de relancer proprement, amenant vers l’avant le bloc de la Seleção. Il était même proche d’offrir une passe décisive à Diogo Jota qui a malheureusement manqué son lob en seconde période. Un jeune gardien moderne, qui a su faire ses preuves, et appuyer le choix de Fernando Santos de le titulariser.
La Seleção dispose d’un banc de luxe
Ils étaient attendus comme de potentiels titulaires, mais c’est finalement sur le banc que João Félix et Rafael Leão ont débuté la rencontre. Entré en jeu à la 71e minute à la place de Diogo Jota, l’ancien attaquant de Benfica a montré son aisance technique et sa facilité à conserver le ballon dans ses pieds. Néanmoins, il a échoué face au gardien turc lors de sa seule tentative. En un peu plus de vingt minutes de jeu, il est parvenu à offrir un jeu tout autre que celui proposé par son coéquipier qu’il a remplacé, celui-ci étant davantage habitué à être décisif à la conclusion des actions plutôt qu’à leur construction. La preuve d’une diversité des profils offensifs de la Seleção.
Quant au joueur de l’AC Milan, Rafael Leão, son entrée en jeu en fin de match, était à son image : virevoltante. En quelques minutes, il est même parvenu à offrir une passe décisive à un autre entrant, Matheus Nunes, qui a prouvé que l’on pouvait également compter sur lui. Un premier but en sélection pour un autre jeune joueur riche en promesses. Et c’est aussi la force de ce Portugal : un effectif bien fourni en futurs talents qui s’ajoute à l’expérience de ses véritables piliers, dont Cristiano Ronaldo, qui a très peu été en vue devant le but mais qui a très bien su combiner à plusieurs reprises. De quoi montrer à ses détracteurs qu’il est capable de se mettre au service du collectif, malgré une seconde période où il s’est montré moins juste dans ses choix.
Des fragilités encore perceptibles
Malgré la victoire, et plusieurs changements observés par rapport aux dernières rencontres, la Seleçao s’est montrée encore perfectible. Défensivement, les absences de Pepe et Rúben Dias se sont fait ressentir. En effet, les deux leaders de la défense centrale apportaient une certaine sérénité dans le jeu, ce qui n’a pas toujours été le cas ce jeudi soir.
Danilo d’abord, a failli coûter cher en première période sur une erreur de relance. Le joueur parisien a en effet rendu le ballon aux attaquants turques aux abords de la surface, ce qui a amené un réel danger. Le joueur du PSG n’a pas toujours semblé à l’aise dans son rôle de défenseur central, encore trop inhabituel pour lui. José Fonte s’est quant à lui montré décisif, notamment devant son coéquipier en club, Burak Yilmaz, mais il a concédé un penalty qui aurait pu faire basculer la rencontre. Malgré cela, son match a été plutôt correct. De son côté, Bruno Fernandes a, une nouvelle fois, éprouvé quelques difficultés, en manquant parfois de justesse dans ses passes. Il a notamment perdu 17 ballons, ce qui constitue le record du match côté portugais. Point positif : il a tout même été dangereux sur les coups de pieds arrêtés. Néanmoins, les observateurs peuvent être en mesure d’en attendre encore plus de sa part. La concurrence étant rude à son poste, et il pourrait de nouveau perdre sa place de titulaire.
Au niveau collectif, la sélection lusitanienne s’est faite très peur après le premier but turc. Des doutes étaient perceptibles face à un adversaire qui n’a pourtant été que très peu dangereux. Le résultat probable d’un manque d’équilibre au milieu de terrain comblé en partie par João Moutinho, mais qui n’a pas toujours été aidé. La faute également a un collectif toujours en rodage, où les automatismes ne sont pas encore totalement visibles. Le traumatisme du dernier match face à la Serbie s’est fait ressentir, avec plusieurs moments de relâchement côté portugais, qui n’ont finalement pas eu de conséquences sur la victoire de ce jeudi soir.
Finalement, les différents changement opérés par Fernando Santos avant et au cours de la rencontre, se sont montrés décisifs face à un adversaire en reconstruction depuis son Euro 2020 décevant. Il y a encore du chemin à faire pour la Seleção, et la prochaine étape l’opposera à la Macédoine du Nord, tombeuse de l’Italie. La sélection lusitanienne devra répondre présente, et aura l’occasion de corriger ses erreurs qui, pourraient lui coûter cher face à un adversaire d’un autre calibre que celui qu’elle a affronté ce jeudi, à l’Estadio do Dragão.
Crédit photo : IconSport
Ergothérapeute dans la vie courante, habitué à analyser le fonctionnement de chaque personne, Dany apprécie observer l’environnement qui l’entoure mais surtout les matchs de football. De famille portugaise, le ballon rond devient rapidement une religion et lorsque celui-ci ne foule pas les pelouses des championnats européens, il devient alors difficile de ne pas s’ennuyer. Rédacteur pour Trivela depuis novembre 2021, c’est avec passion qu’il vous fait vivre l’actualité autour du football portugais.