Faut-il commencer à s’inquiéter pour Benfica ?

Benfica avait tout du parfait outsider. Avec le plus petit budget parmi les huit quart de finalistes de la Ligue des Champions, comme a tenu à le rappeler l’entraîneur des Aigles Roger Schmidt en conférence de presse, le club portugais avait jusque-là séduit par sa proposition, basée principalement sur un collectif bien huilé et des courses intenses. Pour autant, l’épopée lisboète a été stoppée nette cette semaine. Défaits logiquement par l’Inter à Lisbonne mardi dernier (0-2), les joueurs du Benfica ne sont pas parvenus à rattraper leur retard ce mercredi en terre italienne (3-3). Une déception européenne, qui vient s’ajouter à de récentes performances décevantes de la part des hommes de Roger Schmidt sur la scène nationale. Alors, faut-il s’inquiéter pour Benfica ?

Aucune victoire en quatre rencontres

Cela fait donc quatre rencontres de rang que le Benfica ne gagne pas. Le 7 avril dernier, à domicile contre le FC Porto, au cours d’un match qui aurait d’ailleurs pu sceller le sort du championnat, les Aigles se sont inclinés après avoir pourtant ouvert la marque sur un joli coup de tête de Gonçalo Ramos (1-2). Quatre petits jours plus tard, c’est l’Inter qui est venu s’imposer à l’Estadio da Luz pour le compte du quart de finale aller de la Ligue des Champions (0-2). Au beau milieu de cette double-confrontation européenne face à son adversaire italien, le SL Benfica avait l’occasion de sortir la tête de l’eau à Chaves, mais l’équipe dirigée par Roger Schmidt a une fois de plus manqué de s’imposer, concédant même un but dans les tous derniers instants de la rencontre (1-0). Trois défaites de rang. Une série noire, quasi-inédite pour un club de ce standing, forcément plongé dans le doute à l’approche de son quart de finale retour de la Ligue des Champions, soldé par un match nul à Milan (3-3).

Une fracture au Benfica ?

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Benfica version Roger Schmidt ne nous avait pas habitué à cela. Bien au contraire. Avant d’entamer cette série noire, l’équipe lisboète n’avait perdu qu’un seul des 45 matchs disputés depuis le début de la saison. Un parcours quasi sans faute, qui plaçait alors les Aigles en excellente posture dans la course au titre en Liga Bwin, avec pas moins de dix points d’avance sur son dauphin, le FC Porto, au terme de la 26ème journée. Mais la donne a changé. Désormais éliminé de la Ligue des Champions, le SL Benfica voit également son grand rival revenir dangereusement dans son rétroviseur en championnat. Les dix points d’avance sur le FC Porto sont désormais de l’histoire ancienne. Suite aux deux dernières journées de championnat, les Dragões n’en comptent plus que quatre. Mais alors, comment expliquer cette incroyable baisse de régime dans les rangs du Benfica ? Plusieurs facteurs semblent entrer en compte à l’heure d’analyser les raisons de ce constat.

Des joueurs épuisés

Si c’est avant tout le collectif façonné par Roger Schmidt qui a fait la force de Benfica au cours des derniers mois, certains éléments ont également brillé sur le plan individuel. C’est notamment le cas des deux co-meilleurs buteurs du championnat, Gonçalo Ramos et João Mario. Tous deux acteurs principaux du retour au premier plan du Benfica cette saison, les deux internationaux portugais ont cependant connu une légère baisse de régime au cours des derniers matchs, livrant ainsi des prestations nettement moins abouties. Un constat également applicable à Rafa Silva, lui aussi très performant sur la première partie de saison. Trio gagnant pendant plusieurs mois, cette association luso-portugaise a récemment éprouvé de sérieuses difficultés à apporter du danger dans le camp adverse.

Et les difficultés observées chez les joueurs majeurs du SL Benfica pourraient s’expliquer assez logiquement. Ce mercredi soir, sur la pelouse de l’Inter, Alejandro Grimaldo a disputé son 48eme match de la saison. Un score impressionnant, partagé également par son coéquipier Florentino Luis, titularisé une fois de plus dans l’entrejeu lisboète ce mercredi. João Mario a quant à lui enfilé la tunique rouge pour la 45ème fois cette saison, soit quatre de plus que Nicolas Otamendi, Rafa Silva et Gonçalo Ramos.

Des chiffres qui interrogent. Depuis le début de la saison, Roger Schmidt n’a en effet instauré que très peu de turn-over dans les rangs lisboètes, alignant quasi-systématiquement un onze de départ similaire au fil des rencontres. Un choix qui a longtemps porté ses fruits, mais qui pourrait bien se retourner contre le principal intéressé au pire moment de la saison. A l’approche du sprint final, qui devrait donc occasionner une lutte acharnée entre les deux clubs les plus titrés du pays, à savoir le SL Benfica et le FC Porto, les Encarnados semblent particulièrement émoussés. Et face à l’importance des rencontres à venir, il semble désormais difficile pour Roger Schmidt d’envisager une nouvelle stratégie, avec un turn-over davantage présent sur les derniers matchs de la saison.

Quid du banc de touche ?

L’accumulation des matchs chez certains, pendant que d’autres attendent patiemment leur tour depuis le banc de touche. Un contexte qui soulève également des interrogations concernant le traitement des remplaçants actuels du Benfica. A peine une douzaine de titularisations pour Morato, seulement cinq pour Petar Musa, une seule pour Mihailo Ristic et toujours pas de temps de jeu pour les recrues hivernales Andreas Schjelderup et Casper Tengstedt : Roger Schmidt laisse ainsi supposer qu’il ne compte pas tellement sur la grande majorité des joueurs qui composent actuellement son banc de touche.

Une différence de traitement notable entre les membres du onze type et leurs doublures, qui peut amener la formation lisboète à rencontrer bien des problèmes. Le cas Enzo Fernandez semble en être la parfaite illustration. Parti rejoindre Chelsea cet hiver, lors du dernier jour du mercato hivernal, le champion du monde argentin n’a finalement pas été remplacé dans les rangs portugais.

Roger Schmidt a ainsi dû se montrer astucieux pour trouver une alternative à son désormais ex-milieu de terrain, titularisé 29 fois sur les 31 premiers matchs de la saison. C’est ainsi que Chiquinho, qui n’avait quant à lui débuté que deux rencontres sur cette même période, s’est vu propulsé à un statut inédit de titulaire pour le reste de la saison. Le tout, à un nouveau poste. Milieu offensif de formation, l’ancien joueur de Moreirense a en effet été replacé un cran plus bas sur le terrain afin d’accompagner Florentino Luis dans l’entrejeu. Et si Chiquinho a été plutôt performant dans ce nouveau rôle, ses qualités ne permettent pas vraiment de compenser la perte d’Enzo Fernandez, ce qui a inévitablement perturbé la fluidité du jeu lisboète.

Que cela s’explique par une gestion discutable de Roger Schmidt, ou par un vrai différentiel de niveau entre les titulaires et les remplaçants de l’équipe, le constat est le même : le SL Benfica semble à ce jour dépendre dangereusement de chacun de ses onze titulaires. Un problème observé qui devra impérativement être rectifié dans les prochains mois si les Aigles souhaitent garantir plus de régularité au cours des exercices suivants. Mais avant cela, les Encarnados du Benfica auront un objectif majeur à atteindre : celui de retrouver le titre de champion national qui semblait jusque-là leur tendre les bras. Dans ce contexte, la mission s’annonce bien plus compliquée que prévu.

Crédit photo : IconSport

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